Les Rivaux de Richard Brinsley Sheridan, mis en scène d’Anne-Marie Lazarini
Inlassable défricheuse de textes, la [...]
On a pu voir Alix Riemer dans plusieurs spectacles de Christian Benedetti. Soucieux de partager l’outil de travail que constitue le Théâtre-Studio d’Alfortville, le metteur en scène et directeur artistique du lieu invite aujourd’hui la jeune comédienne à y présenter sa première création. Une escapade dans l’existence de Susan Sontag.
« Je tiens, en accueillant d’autres artistes, à rendre un peu de ce que l’on m’a donné à l’époque où je ne disposais pas de ce bel outil »*, nous confiait récemment Christian Benedetti à propos du Théâtre-Studio d’Alfortville, ancien entrepôt de vin transformé par le metteur en scène, en 1997, en fabrique théâtrale. Ce désir de transmission, c’est aujourd’hui Alix Riemer qui en bénéficie. Accompagnée sur scène par le créateur vidéo Quentin Vigier, qui assure à vue la régie du spectacle et interprète une brève scène de jeu, la jeune comédienne présente Susan, un collage de textes de Susan Sontag (décédée en 2004, à l’âge de 71 ans). On entend, dans un premier temps, des extraits de son journal. De l’adolescente de 16 ans jusqu’à l’adulte de 45 ans qu’elle fut, cette partie de l’intime nous ouvre le quotidien de l’écrivaine et critique américaine, offrant à notre écoute de courts éclats de ses pensées, de son intériorité. C’est au sein d’une scénographie hétéroclite (signée Hélène Jourdan) qui nous propulse dans un espace de répétition, qu’Alix Riemer s’empare des mots de Susan Sontag. Elle les malaxe de sa voix et de son ton singuliers.
La vie et les jours d’une intellectuelle engagée
Tour à tour véhémente, légère, facétieuse, colérique, détachée, la comédienne arpente le plateau en accumulant contrastes et effets de mise en scène. Pendant que sont projetées de nombreuses photographies et vidéos. Passant de la sphère intime à la sphère publique, la seconde partie de la représentation nous plonge dans une interview de la femme de lettres publiée en 1978 dans le magazine américain Rolling Stone. Assise dans un fauteuil, jambes croisées, cigarette à la main, Alix Riemer reprend (en anglais, un surtitrage français défile sur le mur de fond de scène) quelques passages de cet entretien. De l’amour au féminisme, en passant par la sexualité, le couple, la famille, l’écriture…, Susan laisse apparaître une idée de femme libre et engagée, ancrée dans la vie. Une femme, pourtant, qui reste comme à distance de nous. Car Alix Riemer, dans cette proposition qui gagnerait à davantage de précision, davantage de simplicité, peine à rendre concrète et active la relation qui l’unit à Susan Sontag. Ici, c’est avant tout la volonté de faire et de dire de la jeune artiste qui capte, qui touche. Ainsi que le sentiment d’avoir pris part, dans un lieu de recherche ouvert aux « premières fois », au bouillonnement de la création contemporaine.
Manuel Piolat Soleymat
* La Terrasse n° 270 – novembre 2018
Du mercredi au samedi à 20h30. Durée de la représentation 1h05. Tél. : 01 43 76 86 56. www.theatre-studio.com
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