La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Philippe Caubère achève le Roman d’un acteur et passe de L’Age d’or à La Belgique. Incontournable !

Philippe Caubère achève le Roman d’un acteur et passe de L’Age d’or à La Belgique. Incontournable ! - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point
Philippe Caubère dans Le Casino de Namur. Crédit : Michèle Laurent

Théâtre du Rond-Point / texte et mes Philippe Caubère

Publié le 28 octobre 2019 - N° 281

Grandeurs et les misères de l’amour fou, Festen chez les Belges et splendeurs et décadences de la roulette : Philippe Caubère achève le Roman d’un acteur et passe de L’Age d’or à La Belgique. Incontournable !

Adieu à Ferdinand l’an dernier à l’Athénée. Pourquoi une deuxième salve ?

Philippe Caubère : Parce qu’il me manquait un épisode que je n’avais pas abouti et parce que j’ai été dépassé, l’an dernier, par la complexité du travail et par le temps. Cet adieu à Ferdinand est un adieu à une aventure d’écriture et une aventure artistique qui a pris toute ma vie et s’est incarné en Ferdinand comme Chaplin en Charlot, toutes proportions gardées ! C’est un Arlequin que ce jeune homme né en 1950, qui fait ses apprentissages dans les années 1970. Ferdinand est un adolescent attardé, ou un enfant : il est un certain point de vue sur le monde. C’est un adieu à cette tournure d’esprit, dans un langage que les jeunes comprennent immédiatement, plus encore que ceux qui ont vécu cette époque ! Et puis, il y a une explication prosaïque à cet adieu : j’ai vidé les tiroirs ! Il ne me restait plus que trois séquences à explorer : La Baleine, Le Camp naturiste et Le Casino de Namur, en deux parties. Ces trois histoires faisaient partie du Roman d’un acteur mais ne rentraient pas dans les épisodes précédents.

« Ferdinand est un adolescent attardé, ou un enfant : il est un certain point de vue sur le monde. »

Que racontent-ils ?

P.C. : La Baleine raconte la première infidélité de Ferdinand. J’ai beaucoup raconté l’inverse et la jalousie qui en découlait. Je continue à raconter ce jeune couple de comédiens. Clémence (personnage central de La Baleine et du Camp naturiste) et Ferdinand se sont promis fidélité dans l’infidélité mais ça ne marche pas du tout ! Puis Clémence emmène Ferdinand à Montalivet pour le consoler. C’est la deuxième histoire, une satire sans férocité de l’idéologie naturiste qui règne dans les camps. Et Ferdinand ne supporte tellement pas cette idéologie qu’il plonge dans Proust. Enfin, Le Casino de Namur raconte les aventures de Ferdinand et son copain Bruno : d’abord chez les betteraviers, dans une sorte de Festen chez les Belges, puis au casino, deuxième épisode de cette ultime partie qui a été un enfer à mémoriser pour quelqu’un qui, comme moi, a toujours été fâché avec les chiffres ! Mais tout cela dit comme tel ne présente pas grand intérêt ! Ce qui est intéressant, ce sont les dialogues, les rebondissements, les personnages, Ferdinand qui devient la bête noire de tout le casino, le restaurant, les usuriers, toutes les choses qui se passent dans cette nuit métaphysique où Ferdinand comprend qu’il ne s’adaptera jamais à la société, ce qui doit être mon cas, au fond !

Pensez-vous que cette fresque peut vous échapper ? 

P.C. : Je suis convaincu qu’elle sera jouée par d’autres mais pas par un seul. Tout bêtement parce que je l’ai déjà vu faire. La Belgique est l’aboutissement d’années de travail. Improvisé, joué, modifié, abouti jusqu’au film réalisé par Bernard Dartigues. Ce film est aussi un roman, qui livre ce qui se passe sur scène mais aussi dans ma tête. Le théâtre de Molière est autobiographique, Tchekhov s’inspire de sa vie pour écrire : il y a des tas de pièces qui sont inspirées par la vie de leurs auteurs, même si les niveaux d’identification sont plus ou moins élevés. J’ai ce projet en tête depuis le Théâtre du Soleil, quand j’ai compris que si on utilisait les masques pour jouer ce qui se passe dans la tête d’un comédien, on verrait apparaître une recherche du temps perdu. Un jour j’ai commencé à improviser sur les conseils de Clémence (Massart, la vraie…) d’abord, puis ceux de Jean-Pierre Tailhade ensuite, et j’ai tout écrit sans m’en rendre compte. J’ai tourné autour du pot et, comme Ariane nous l’avait appris, je suis sorti du sujet pour mieux le traiter. Je pensais y consacrer cinq ans et ça m’en a pris trente ! Au début, c’était juste une expérience, mais j’ai été emporté par cette aventure et le plaisir qu’elle m’a procuré. Car c’est la loi de ma vie, le plaisir, tous les plaisirs : je ne supporte pas de m’ennuyer au théâtre. Comme l’a écrit Peter Brook, le diable c’est l’ennui !

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Philippe Caubère
du mardi 5 novembre 2019 au dimanche 5 janvier 2020
Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris

La Baleine et Le Camp naturiste : du 8 novembre au 29 décembre. Les 8, 12, 16, 20 et 29 novembre et les 3, 7, 11, 20 et 24 décembre à 20h30 ; le 24 novembre, les 15 et 29 décembre à 16h ; relâche le lundi et le jeudi. Le Casino de Namur I : du 5 novembre au 4 janvier 2020. Les 5, 9, 13, 22, 26 et 30 novembre, les 4, 13, 17, 21, 27 et 31 décembre et le 4 janvier à 20h30 ; le 17 novembre et le 8 décembre à 16h ; relâche le lundi et le jeudi. Le Casino de Namur II : du 6 novembre au 5 janvier 2020. Les 6, 15, 19, 23 et 27 novembre, les 6, 10, 14, 18 et 28 décembre et le 3 janvier à 20h30 ; le 10 novembre, les 1er et 22 décembre et le 5 janvier à 16h ; relâche le lundi et le jeudi. Tél. : 01 44 95 98 21. Le Roman d’un acteur – tome 2, La Belgique, paru le 24 octobre aux éditions Joëlle Losfeld. Signature à la librairie du Rond-Point le 17 novembre et le 18 décembre.

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