L’A-Démocratie de Nicolas Lambert
Nicolas Lambert reprend l’intégrale de son [...]
Grâce à un dispositif scénique ingénieux, Emilie Rousset et Maya Boquet invitent le public à recomposer la mémoire du procès de Bobigny et à réfléchir à ses enjeux toujours actuels. Une proposition intéressante.
Contrairement à ce que laisse supposer son titre, ce spectacle n’est pas une reconstitution réaliste du procès de Bobigny, tenu le 8 novembre 1972 et qui fit avancer la cause des femmes. Il questionne plutôt la résonnance de ses enjeux politiques et éthiques que les débats sur la procréation assistée par la médecine ou par un tiers font ressurgir aujourd’hui. La scène et la salle ne font plus qu’une. Douze cercles de chaises accueillent les spectateurs et les comédiens qui interprètent, à tour de rôle, les témoins ou les commentateurs de ce procès. Véronique Alain, Antonia Buresi, Rodolphe Congé, Suzanne Dubois, Emmanuelle Lafon, Thomas Gonzalez, Anne Lenglet, Aurélia Petit, Gianfranco Poddighe, Lamya Régragui, Anne Steffens, Nanténé Traoré, Manuel Vallade, Margot Viala et Jean-Luc Vincent parlent pendant quinze minutes. Casques d’écoute sur les oreilles, les spectateurs s’approprient les témoignages. Chacun peut choisir l’ordre des différents moments qui composeront son propre spectacle, et personne n’a le temps de tout entendre, même s’il reste pendant toute la durée de la représentation.
Continuons le combat !
Le dispositif imaginé par Emilie Rousset et Maya Boquet a le mérite de l’originalité. La navigation entre les îlots de paroles est amusante, on devise en allant de l’un à l’autre, au hasard des rencontres que l’assise aléatoire a permises. Des entretiens préalables ont été menés avec douze témoins. En temps réel et grâce à une oreillette, les comédiens écoutent la bande-son de ces entretiens et les restituent au soupir, à l’hésitation et au silence près. Il arrive parfois que ce dispositif dépasse un peu les interprètes et tous ne font pas preuve de la même force de conviction. Un peu décevante aussi est la sortie autorisée en cours de spectacle, qui dépeuple la salle au fur et à mesure de la soirée. Mais on peut parier que ces défauts seront corrigés au fur et à mesure des représentations : le projet est ambitieux et il est évident que son organisation supposera quelques ajustements progressifs. Reste que le thème est passionnant, que le combat des femmes pour la libre disposition de leur corps n’est pas terminé et que les débats à ce propos sont loin d’être apaisés. Pour toutes ces raisons, ce spectacle mérite d’être vu, ne serait-ce que pour s’armer en pensée contre l’hydre patriarcale toujours menaçante.
Catherine Robert
En novembre : le 16 à 20h30 au POC d’Alfortville, 82, rue Marcel-Bourdarias - Parvis des Arts, 94140 Alfortville. Tél. : 01 58 73 29 18 ; le 30 à 16h au Théâtre de Rungis, 1, place du Général de Gaulle, 94150 Rungis. Tél. : 01 45 60 79 00. Tournée jusqu’en juin 2020. Durée : 3h maximum. Spectacle vu au T2G à Gennevilliers.
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