Nous pour un moment d’Arne Lygre, mise en scène de Stéphane Braunschweig
Après Je disparais et Jours souterrains en [...]
Après Un été à Osage County, le metteur en scène Dominique Pitoiset propose aux Gémeaux une pièce du dramaturge contemporain américain Tracy Letts. Comédie urbaine cristallisée sur un personnage central, figure du quinquagénaire, Linda Vista portraitise le moment de bascule d’une vie d’homme.
« Le quinquagénaire est celui qui a le plus à dire mais personne ne veut écouter. », affirmez-vous dans votre note d’intention. Que voulez-vous faire entendre ?
Dominique Pitoiset : Qui voudrait écouter le quinqua ? Attention, je ne parle ici que du spécimen de sexe masculin. Il est pris entre les jeunes et les vieux, autant dire entre le marteau et l’enclume. Quinquagénaire, aujourd’hui, c’est un peu plus que « le milieu du chemin de la vie » dont parlait Dante. Mais ce n’est pas non plus le bout du chemin, loin de là… Sauf que pendant longtemps, ça l’a été. Dans Comme il vous plaira, Shakespeare distinguait sept âges de la vie. Nous autres modernes, nous avons simplifié tout cela : trois âges nous suffisent, quatre à la rigueur… On peut se faire illusion mais cela n’empêche pas le compteur de tourner. Le héros de Linda Vista, Wheeler, n’a dans sa tête pas vraiment quitté les seventies : c’est le monde qui a vieilli, pas lui. Il n’a d’ailleurs pas entièrement tort. Et déjà, là, il a certainement beaucoup de choses à nous dire. D’un autre côté, il n’a pas totalement raison non plus car il y a quand même des leçons – et certaines peuvent être très dures – qu’il devrait avoir apprises.
La pièce est portée par des acteurs belges. Comment les avez-vous rencontrés ? Pourquoi avoir fait ce choix ?
D.P. : Les acteurs belges sont excellents. Ils sont curieux, attentifs. Ils ont le sens du texte et celui de la troupe. Ils incarnent les textes, s’en imprègnent, et vont bien au-delà de la dimension verbale. J’aime beaucoup cet engagement-là. Par ailleurs, j’ai noué des liens de grande confiance avec Serge Rangoni, le directeur du Théâtre de Liège. La ville possède également un Conservatoire d’un très bon niveau. De fil en aiguille, j’ai pu voir jouer de nombreux comédiens, à commencer par Jan Hammenecker, qui va inaugurer son propre « quinquagénat » en jouant Wheeler. Je l’ai vu jouer un Tchekhov en flamand et j’ai été immédiatement séduit par sa présence, son intelligence de jeu. J’ai construit autour de lui une distribution dont je suis très fier, avec des artistes dont certains, j’en suis sûr, seront de vraies découvertes pour le public français.
Quelles sont vos intentions de mise en scène, vos choix scénographiques ?
D. P. : Après Un Eté à Osage County, pièce créée à Bonlieu, Scène nationale d’Annecy, et présentée aux Gémeaux en 2014, Linda Vista est une étape de plus dans ce relevé de l’Amérique contemporaine. Linda Vista est à la fois un portrait et un paysage. Portrait d’un homme, paysage d’une époque. L’un décalé par rapport à l’autre. L’homme n’a pas vu le paysage changer. Il n’a pas vu qu’il avait changé lui-même. Et encore moins que sur certains points, il aurait dû changer. Wheeler est présent en scène absolument tout le temps, et l’interpréter est une vraie performance d’acteur. La mise en scène induit aussi un défi scénographique. Les décors coulent autour du protagoniste, lequel, sans s’en apercevoir, est resté en quelque sorte enfermé dans sa chambre noire. Un comble pour un photographe… Wheeler est comme une pellicule impressionnée qui ne serait jamais passée au laboratoire. Les situations et les décors successifs sont en quelque sorte des bains dans lesquels Wheeler va tremper et se révéler.
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du mardi au samedi à 20h45, le dimanche à 17h. Tél : 01 46 61 36 67. Première en Ile-de-France. www.lesgemeaux.com
En création à Bonlieu -Scéne Nationale d'Annecy du 06 au 9 novembre. Rens 0450334411
Après Je disparais et Jours souterrains en [...]
Comme chaque année depuis 1992 et désormais [...]
Quelque dix ans après We are l’Europe et Que [...]