Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge de Wajdi Mouawad, chansons Arthur H et musique Pascal Humbert

« Au seuil de la cinquantaine, Alice est un chanteur apprécié. Il jouit autant des suffrages du public que du respect du milieu professionnel, bénéficiant d’une visibilité dans la plupart des médias. Mais l’enthousiasme se tarit, l’habitude le gagne. » Tel est le résumé de la fable imaginée par Arthur H et Wajdi Mouawad, qui raconte l’angoisse d’une génération désormais vieillissante – la leur – « égarée dans l’abandon des repères ». « Ainsi dirait-on d’une navette spatiale qui chercherait à rejoindre la lune : une erreur d’un seul degré au lancement la ferait passer à des milliers de kilomètres de sa destination et la voici jetée dans le noir sidéral vers le plus improbable des destins. Si cela est vrai des vaisseaux, cela l’est aussi des rêves et des idées, des hommes et de leur existence. », dit Wajdi Mouawad.

Plus grand mort que vivant

« Comment se libérer de ce regard du monde qui nous détermine, quitte à tout voir tomber en ruine ? Comment survivre à la trahison des convictions de nos vingt ans ? » Marie‑Josée Bastien ou Linda Laplante, Gilles David, Arthur Higelin, Pascal Humbert, Isabelle Lafon, Jocelyn Lagarrigue, Patrick Le Mauff et Sara Llorca interprètent cette tragi-comédie composée autour de l’histoire d’un homme « aveugle sur ses paradoxes profonds », qui cherche à avancer dans les méandres de son existence « soumise à des frustrations récurrentes » et des « insatisfactions chroniques ». Pour relancer sa carrière, le chanteur populaire décide donc, à la manière de Charles Quint, de se faire passer pour mort et d’organiser ses funérailles. Dans la mesure où la meilleure définition de soi-même est toujours nécrologique, le chanteur saura-t-il retrouver l’équilibre les pieds en avant ?

Catherine Robert