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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Pays natal

Pays natal - Critique sortie Théâtre Nanterre Théâtre Nanterre-Amandiers
Crédit Photo : Agnès Mellon Légende : « L’identité grecque en question dans Pays natal de Dimitris Dimitriadis. »

Crédit Photo : Agnès Mellon
Légende : « L’identité grecque en question dans Pays natal de Dimitris Dimitriadis. »

Publié le 25 janvier 2013 - N° 206

Entre la distance ou l’attachement à son passé prestigieux, l’identité grecque est questionnée plutôt naïvement par la création collective de Pays natal.

Parler de la Grèce aujourd’hui, pays partagé entre son passé glorieux et son avenir incertain, pays de la démocratie, du ciel bleu, de la feta et du sirtaki, pays envahi par les touristes – le Parthénon sur l’acropole d’Athènes ne désemplit pas –, tandis que sa population quitte la terre d’origine et émigre vers d’autres pays, comme dans les années 50. Que dit-on ? C’est la faute des Grecs, non pas de son peuple, mais de ses politiciens corrompus pour lesquels le peuple vote : « Comment a-t-on pu embaucher tant de monde dans la fonction publique sans avoir besoin d’eux ? Au lieu de créer un système qui permettrait de faire fonctionner le marché libre, de tout faire fonctionner, afin que nos jeunes ne soient pas à nouveau obligés de partir en Allemagne, en France, aux Etats-Unis… » Le père d’un comédien grec de la création collective de Pays natal, inspiré de Léthé et de Nous et les Grecs de Dimitris Dimitriadis, apparaît en vidéo, sage retraité jovial, attablé à une terrasse de quartier, parlant de son pays avec mélancolie et amour. Les Grecs ont du potentiel, tout le monde le sait. Ils étaient des enfants prodigues : ils dessinaient des acropoles et faisaient de la philosophie. Aujourd’hui, ils ont épuisé les mers, les îles, et les montagnes aux affiches géantes : « Nous n’avons rien et  nous ne sommes rien ».

Discussion de café du commerce

À partir de ce rien, l‘ironie d’une annonce équivoque : « Voilà le vrai départ, en route, tout est possible. » Il faut aux Grecs inventer quelque chose de nouveau. Mais quoi ? Nous n’en saurons pas plus, malgré la note d’intention de Dimitris Daskas et Pierre-Marie Poirier, qui au-delà de la crise économique du pays stigmatisé, prétendaient parler de crise d’identité. Le public n’échappe pas à un inventaire de clichés et de préjugés relatifs à la Grèce, depuis un regard étranger. Frayant avec des bribes de témoignages et une leçon approximative de sociologie, le spectacle tournerait plutôt à la discussion de café du commerce, à partir d’improvisations scéniques. Il suffit de connaître Yannis ou Yorgos – les « bonnes personnes » – pour construire une villa dans la forêt ou un centre commercial sur la plage : des interdits contournés insolemment, par-delà la mer de drapeaux bleus et blancs des manifestants en rage. Ils sont quatre sur la scène : deux acteurs français – Aurélie Nuzillard en touriste estivale et Pierre-Marie Poirier en guide mécanique pour cars de visiteurs, et deux grecs – Dimitris Daskas et Nicolas Yalelis, qui « sont » eux-mêmes. Vivant en France, ils ne font pas le deuil d’un paradis perdu mais sont  plus émouvants en raccrochant le cœur du spectateur à une cause universelle, la reconnaissance de tout pays natal.

Véronique Hotte

A propos de l'événement

Pays natal
du samedi 19 janvier 2013 au samedi 9 février 2013
Théâtre Nanterre-Amandiers
7, Avenue Pablo Picasso, 92022 Nanterre

Du 19 janvier au 9 février 2013. Du mardi au samedi à 20h30, jeudi à 19h30, dimanche à 16h. Tél : 01 46 14 70 00  
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