Macbeth
Région
Théâtre Gyptis / de William Shakespeare / mes Françoise Chatôt
Publié le 25 janvier 2013 - N° 206
Après Roméo et Juliette en 2011, la directrice du Théâtre Gyptis, à Marseille, se penche sur un autre couple mythique du théâtre shakespearien : le couple noir formé par Macbeth et son épouse. Un spectacle qui cherche sa force dans une expressivité de chaque instant.
Le plateau du Théâtre Gyptis reste vide, entièrement nu, du premier au cinquième acte de la tragédie de Shakespeare. Pas un accessoire, pas un siège, pas un cadre de porte, pas un bout de décor ne vient appuyer la version de Macbeth créée, dans le cadre de l’année « Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture », par Françoise Chatôt (la traduction utilisée est celle de Jean-Michel Déptrats). Seules les vidéos de Karel Pairemaure et Emmanuel Broto, projetées en fond de scène (images stylisées de paysages soumis à la force des éléments), apportent un contrepoint au dépouillement absolu de la scénographie de Claude Lemaire (les – belles – lumières sont de Roberto Venturi, les costumes de Katia Duflot). C’est à un monde de théâtre obscur et abstrait que donne ainsi naissance la directrice du Théâtre Gyptis. Un monde au sein duquel les douze comédiens réunis par la metteure en scène (Macbeth est interprété par Philippe Séjourné, Lady Macbeth par Agnès Audiffren, Banquo par Nader Soufi) s’élancent à corps perdus, faisant retentir les incertitudes, les effrois, les fureurs de leur personnage, la palette entière de leurs états d’âme, à travers des éclats d’expressions volontaires, qui manquent parfois un peu d’intériorité.
Un monde livré au chaos
Car l’un des partis pris de cette création est de privilégier les pics aux creux, d’instaurer une incarnation et une expressivité de chaque instant. De meurtres en trahisons, de complots en fuites, d’hallucinations cauchemardesques en oracles de sorcières, les lignes de la tragédie se dessinent, ici, en traits pleins et continus. A l’intérieur de la boite noire qui tient lieu de lande, de chambre, de route de campagne, de salle de palais…, les comédiens se laissent aller à leurs transports les plus impétueux. Cela, à la faveur d’un engagement et d’une ardeur qui soutiennent, sans faiblir, le rythme de la représentation, mais au détriment d’une certaine forme de profondeur, d’une certaine idée de complexité humaine. « Plongés dans une métaphysique du mal, nous voyons l’obscurité gagner le monde et le pourrir irrémédiablement », fait remarquer Françoise Chatôt au sein de ses intentions de mise en scène. Cette obscurité et ce pourrissement hantent chaque scène de ce Macbeth aux intonations très lyriques. Ils nous placent face à la vision paroxystique d’un monde livré au chaos.
Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
Macbethdu mardi 22 janvier 2013 au samedi 9 février 2013
Théâtre Gyptis
136 rue Loubon, 13003 Marseille
Du 22 janvier au 9 février 2013. Les mardis, vendredis et samedis à 20h30, les mercredis et jeudis à 19h15. Tél. : 04 91 11 00 91. www.theatregyptis.com. Durée de la représentation : 2h05. Spectacle présenté dans le cadre de l’année « Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture ».