La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

La Forêt qui marche

La Forêt qui marche - Critique sortie Théâtre Paris 104
Christiane Jatahy CR : Marcelo Lipiani

Le 104 / d’après Shakespeare / mise en scène Christiane Jatahy

Publié le 26 septembre 2016 - N° 247

Tenant à la fois du cinéma, des arts visuels et du théâtre, A Floresta que anda (la Forêt qui marche) est la dernière création de la brésilienne Christiane Jatahy, artiste associée internationale au Centquatre-Paris, dont chaque spectacle fait sensation.

Quel est le dispositif de ce spectacle ?

Christiane Jatahy : Le spectacle n’est pas pensé dans un espace scénique mais dans celui d’une salle d’exposition munie d’une installation vidéo. Avec cette installation, le public découvre des films documentaires en même temps que se déroule une sorte de performance invisible à laquelle certains spectateurs, munis d’oreillettes, participeront également. Le tout donnera naissance à un film dont la construction et les textes sont inspirés du Macbeth de Shakespeare.

« Un film dont la construction et les textes sont inspirés du Macbeth de Shakespeare. »

 Ce spectacle est-il dans la lignée de vos créations précédentes, Julia et What if they went to Moscow ?

C.J. : D’un côté, je poursuis mes recherches sur les correspondances entre le langage du cinéma et celui du théâtre, et sur les tensions que crée le rapprochement de ces deux formes artistiques. Mais ici, je vais un peu plus loin car j’inclus le spectateur dans l’espace de la performance et du tournage, ce qui permet de jouer encore davantage sur les rapports entre fiction et réalité.

D’où viennent les films documentaires ?

C.J. : Ce sont des entretiens avec des migrants que nous avions tournés lors de notre travail préparatoire à Moscow, pour réfléchir à l’acte de quitter un endroit et à la possibilité du changement.

Quel rôle joue le Macbeth de Shakespeare dans ces conditions ?

C.J. : Dans Julia, je voulais avoir des spectateurs voyeurs. Dans Moscow, il s’agissait de parler de la possibilité du changement et de l’utopie. Et dans La Forêt qui marche, je veux étudier comment ce système dans lequel nous évoluons tous aujourd’hui fait jaillir ce qui est pour moi le plus important dans Macbeth, le désir de pouvoir et l’ambition capitaliste. Julia Bernat, qu’on a vue dans mes spectacles précédents, interprétera l’une des trois sorcières de Macbeth, celle qui instille le désir et qui pousse Macbeth au régicide.

Pourquoi avoir choisi ce dispositif de vernissage ?

C.J. : Je voulais que le spectateur construise son propre parcours dans l’œuvre. Des documentaires sont projetés mais le spectateur choisit lui-même s’il les regarde. Il y a de ce côté une différence fondamentale entre le théâtre et les arts visuels, où les spectateurs sont autonomes. Là, c’est même lui qui va construire l’œuvre. Certains s’assiéront au bar, d’autres seront partie prenante de la performance, d’autres enfin regarderont ces documentaires où s’inscrit une réalité parfois cruelle. Je n’aime pas les spectacles où l’on considère le public comme une masse qui assiste à une œuvre qui ne concerne que vous-même.

Propos recueillis par Eric Demey grâce à la traduction de Marcus Borja

A propos de l'événement

La Forêt qui marche
du mardi 4 octobre 2016 au samedi 22 octobre 2016
104
5 Rue Curial, 75019 Paris, France

du mardi au vendredi à 19h et 21h30. Le samedi à 18h, 19h30 et 21h. le dimanche à 17h30 et 19h. Tel. : 01 53 35 50 00.

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