Jacques Osinski présente Fin de partie de Beckett au Théâtre de l’Atelier
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Cette petite forme dramatique, d’abord imaginée en 2017 pour être présentée dans les lycées par Maëlle Poesy, alors artiste associée du Centre Dramatique National qu’elle dirige aujourd’hui, revient à l’affiche. L’exil forcé, malheureusement entré dans l’ordinaire de notre actualité, est au cœur de cette fable contemporaine, ode à la jeunesse et à l’amour contre la barbarie de notre monde.
Comment avez-vous découvert ce texte ?
Maëlle Poésy : Le travail de Julie Ménard, en tant qu’autrice, comédienne et metteuse en scène, m’a toujours beaucoup intéressée. Elle est d’ailleurs aujourd’hui artiste associée du théâtre que je dirige. J’ai eu un coup de cœur pour cette pièce qui lui a été inspirée par l’histoire d’un jeune exilé afghan. Sa manière de s’emparer du sujet s’écarte volontairement du documentaire et suscite l’empathie. Elle veut que nous puissions nous identifier – et notamment les jeunes – à ces deux personnages qui se rencontrent sur le fond d’une passion pour la musique, tombent amoureux et qui, pour une raison que l’on ne divulguera pas, sont contraints de quitter leur pays. L’histoire nous attache sans aucun misérabilisme ; comme le titre l’indique, Sil et Mia sont inoxydables. Leur humour, leur énergie vitale, leur capacité à transformer le réel par le biais de la dérision, leur amour sincère, leur confèrent une grande dignité. C’est ce qui donne autant de force à la pièce.
Pourquoi avoir choisi un dispositif scénique quadri-frontal ?
M. P. : On entre dans ce sujet brûlant d’actualité par le biais d’une fiction et non par une forme documentaire. Qu’est-ce que c’est d’avoir à tout quitter et de devoir reconstruire sa vie ? Peut-on survivre grâce à l’amour, à l’entraide, à la passion pour la musique ? Est-ce qu’on peut faire tenir sa vie dans un sac à dos ? Ces questions sur le thème de l’exil forcé sont soulevées de façon très sensible, très concrète, par la pièce de Julie Ménard. Je voulais vraiment que la mise en scène favorise l’appropriation de ces questions, fasse exister un moment de partage entre le public et les personnages. Le choix d’un dispositif quadri-frontal s’est imposé. Il permet de tout recentrer sur le jeu des acteurs. Dans cette proximité scénique, les spectateurs sont, également, d’une certaine manière, captifs et pris à partie.
En termes de direction d’acteurs, qu’avez-vous demandé à votre duo de comédiens, Mathilde-Edith Mennetrier et Benjamin Bécasse-Pannier ?
M. P. : La question de la vitalité est au cœur du jeu. Ces deux comédiens ont en commun de pouvoir dégager et faire partager cette énorme force de vie qui fait l’originalité, me semble-t-il, du traitement de la question de l’exil par la pièce. Les personnages sont puissants dans l’amour qu’ils se portent, et au final, dans leur quête de liberté. Mathilde-Edith Mennetrier et Benjamin Bécasse-Pannier nous permettent d’approcher ce que signifie, réellement, le fait d’avoir à tout quitter pour survivre. Ils rendent sensibles ces parcours de vie bouleversés. Ils donnent à voir, à ressentir, cette réalité qui tend, dans un cynisme horrible, à être noyée dans l’abstraction de données chiffrées en constante augmentation.
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du mardi au samedi à 20h30, les dimanches à 15h30. Tél : 01 44 95 98 21. À partir de 15 ans. Durée : 55 mn.
Également le 21 février à 14h30 et 20h30 Mi-Scène à Poligny (39), le 23 à 20h30 Mi-Scène à Arbois (39).
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