Nuit, fable tragi-comique de Philippe Minyana
Créée au Théâtre des Quartiers d’Ivry en [...]
Tout nouveau directeur du Centre dramatique national de Lorient, Simon Delétang signe l’entrée au répertoire de la Comédie-Française de La Mort de Danton, de Georg Büchner. Une plongée dans le XVIIIème siècle au centre de laquelle se font face Loïc Corbery, dans le rôle de Danton, et Clément Hervieu-Léger, dans celui de Robespierre.
Par le passé, vous avez mis en scène Woyzeck et Lenz. Aujourd’hui vous créez La Mort de Danton. Quel lien vous unit à l’œuvre de Georg Büchner ?
Simon Delétang : Je crois qu’il y a des résonnances entre l’âme de Georg Büchner et ce que je ressens au plus profond de moi. Büchner est mort à 23 ans. Il a été une sorte de comète incroyable dans le paysage de la littérature. On pourrait dire qu’il s’agit d’un Rimbaud allemand. Il a tout pour être fascinant à la fois dans sa vie et dans son œuvre.
Quelles sont les résonnances dont vous parlez ?
S. D. : Ce qui me touche particulièrement, c’est le regard que Büchner pose sur le monde, c’est la manière dont il voit la réalité et, à travers elle, la vision de l’art qu’il révèle. Lenz (ndlr, nouvelle écrite par Büchner en 1835) est un récit qui m’accompagne depuis l’adolescence. Ce texte déploie des choses d’une poésie inattendue et bouleversante, avec une forme d’innocence très troublante. Georg Büchner partait toujours, pour ses écrits, de matériaux de la réalité. Il a été, d’une certaine façon, un précurseur du théâtre documenté. De la même façon, mon travail a toujours eu pour objet de sublimer le réel par le biais du théâtre.
Quelle vision de La Mort de Danton souhaitez-vous défendre, aujourd’hui, à la Comédie-Française ?
S. D. : Pour moi, cette création est avant tout une rencontre entre un auteur, Georg Büchner, et le savoir-faire d’une troupe, celle de la Comédie-Française. Cela, en assumant une esthétique du XVIIIème siècle. Parce qu’il m’a semblé intéressant de montrer comment Büchner, au XIXème siècle, s’est emparé de cet événement qui a eu lieu en France, à la fin du XVIIIème siècle, pour avertir ses contemporains des risques d’une révolution qui finit dans le sang, pour leur dire qu’il ne faut pas prendre cette voie-là si l’on veut réussir une révolution sociale. À travers ma mise en scène, j’ai voulu créer un spectacle faussement historique, un spectacle qui s’attache à être au présent de la langue de Büchner.
Qu’entendez-vous par là ?
S. D. : La grande difficulté, avec La Mort de Danton, c’est de ne pas transformer les figures historiques que met en jeu cette pièce en marionnettes, en petits soldats de plomb. Pour éviter cela, il faut trouver le moyen de rendre la langue et les personnages de Büchner vivants. Je n’ai pas cherché à prendre parti pour un personnage ou un autre, à être pro-Danton ou pro-Robespierre. Pour moi, le sujet de la pièce ne se situe pas là. Si cette œuvre me touche, c’est parce qu’elle met en évidence, à travers des morceaux de lyrisme et de poésie absolument sidérants, une très belle réflexion sur l’être humain face à la mort.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
En alternance. Matinées à 14h, soirées à 20h30. Durée de la représentation : 2h. Tél. : 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr
Créée au Théâtre des Quartiers d’Ivry en [...]