Focus -242-Festival de Saint~Denis 2016
Une bouffée d’émotions
OUVERTURE
ENTRETIEN / Mikko Franck
Publié le 29 mars 2016 - N° 242
Le directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France ouvre le Festival avec la 3e Symphonie de Mahler. Une œuvre grandiose, qui semble taillée pour la Basilique.
Quelle place la musique de Mahler occupe-t-elle dans votre répertoire ?
Mikko Franck : D’une façon générale, j’essaie d’aborder un répertoire aussi large et varié que possible, tant dans le domaine symphonique que pour l’art lyrique. C’est pourquoi je ne me concentre pas sur tel ou tel compositeur. Cependant, les symphonies de Mahler ont toujours fait partie de mon univers. Ces œuvres ont quelque chose de spécial qui tient à leur façon de raconter une histoire en musique. Elles sont une combinaison passionnante entre le gigantisme et quelque chose de profondément humain. C’est flagrant dans cette 3e Symphonie qui, malgré son effectif colossal – un très grand orchestre, un chœur, un chœur d’enfants, une soliste –, est une œuvre très intime.
« Une combinaison passionnante entre le gigantisme et quelque chose de profondément humain. »
Votre interprétation s’appuie-t-elle sur l’arrière-plan littéraire de l’œuvre ?
M. F. : La musique reste la musique. D’une certaine façon, elle raconte toujours quelque chose, mais cette « histoire », c’est avant tout celle que vous créez vous-même : la musique provoque en chacun de nous des réactions particulières, qui dépendent de qui nous sommes, de notre expérience, de notre état d’esprit ou de ce que nous venons chercher au concert. L’important n’est pas ce qu’une musique représente pour moi, car ce n’est que ma propre histoire. À chacun de se créer la sienne !
La 3e Symphonie en particulier est porteuse d’une grande variété d’émotions…
M. F.: Oui, c’est une véritable bouffée d’émotions. Mahler est un artiste qui sait particulièrement traduire les émotions en musique, à la fois par l’utilisation de l’orchestre et par la référence à des sons familiers – comme ces cloches de vache que l’on entend dans la 6e Symphonie. Ses symphonies peuvent être entendues comme des paysages sonores extrêmement vivants.
À Saint-Denis, vous avez toujours dirigé des œuvres d’essence dramatique (la 6e Symphonie de Mahler, la « Pathétique » de Tchaïkovski, les Chants et danses de la mort de Moussorgski). Pourquoi ?
M. F.: La Basilique est un édifice monumental, vraiment impressionnant. Elle appelle, je crois, une musique elle aussi monumentale. Le lieu influence aussi l’interprétation. Ici, où l’écho est important, il est indispensable de trouver le moyen de davantage articuler – mais c’est, au fond, le cœur de notre travail.
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
A propos de l'événement
Mikko Franckdu jeudi 26 mai 2016 au vendredi 27 mai 2016
Basilique de Saint-Denis
Saint-Denis, France
à 20h30.
Festival de Saint-Denis. Du 26 mai au 24 juin 2016
Tél. 01 48 13 06 07.