Un Requiem d’une force extraordinaire
Depuis que le chef argentin est arrivé en [...]
Focus -242-Festival de Saint~Denis 2016
« Créer un dialogue où textes et musiques entrent en résonance. »
Ce concert-lecture met en scène les échanges épistolaires de Clara et Robert Schumann ou Mathilde Wesendonck et Wagner, mais aussi des textes critiques de Nietzsche et Debussy. Des pages symphoniques de Brahms, Schumann, Wagner, Liszt ou Mahler, interprétées par le Secession Orchestra, offrent le contrepoint musical aux textes dits par Julie Depardieu et Charles Berling. Clément Mao-Takacs, directeur musical, évoque cet ambitieux projet.
« Chacun de nos concerts-lectures fait l’objet de montages précis et pointus entre littérature et pièces musicales pour une réalisation “haute couture“, où les deux arts s’entrelacent si étroitement qu’on ne peut plus les séparer. Je recherche toujours un équilibre et une complémentarité : il s’agit avant tout de créer un dialogue où textes et musiques entrent en résonance, pour créer un parcours, faire surgir des liens inattendus, créer une proposition artistique autonome. C’est un peu comme écrire du contrepoint : autour d’une ligne mélodique, on cherche à créer d’autres lignes qui se répondent mais possèdent chacune leur propre particularité, pour former un tout cohérent. De manière générale, un texte ou une musique peuvent largement se suffire à eux-mêmes, mais je crois que leur juxtaposition judicieusement pensée peut permettre de mieux les « entendre », à tous les sens du mot, c’est-à-dire de mieux saisir telle nuance, telle intention, et surtout, d’offrir de nouveaux espaces de rêve à l’auditeur/spectateur. C’est une expérience qui renouvelle l’approche de la musique et des textes. Les comédiens m’ont souvent avoué que l’exercice est difficile pour eux car la musique les amène parfois à une émotion si intense qu’il leur faut faire appel à tout leur art pour ne pas se laisser submerger par elle ; et c’est d’ailleurs souvent dans ces instants qu’il y a les moments les plus extraordinaires, parce qu’ils réussissent à transformer et intégrer la charge émotionnelle de la musique dans leur lecture.
L’inépuisable richesse du Romantisme
Le Romantisme est une période d’une richesse inépuisable qui explore de multiples directions : de l’irruption du Moi et de l’intime aux rêveries sur un passé plus ou moins lointain, des confortables petits cénacles bourgeois à la confrontation avec la Nature et l’irruption du « sublime », des vignettes naïves de l’enfance au fantastique… On passe d’un extrême à l’autre, et c’est précisément pourquoi j’ai choisi d’explorer avec Charles et Julie ces fissures secrètes mais douloureuses, ces points de ruptures affirmés, ces frontières où s’opère un mouvement de bascule. Par exemple, dans les échanges – journaux et lettres – entre Clara et Robert Schumann, on sent poindre les limites éprouvées par deux artistes à vivre ensemble leur génie dans l’usure du quotidien. Les déclarations presqu’amoureuses de Baudelaire ou les réquisitoires sanglants de Nietzsche à l’égard de Wagner illustrent bien aussi ces extrêmes, entre amour et haine… »
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec
à 20h30.
Festival de Saint-Denis. Du 26 mai au 24 juin 2016
Tél. 01 48 13 06 07.
Depuis que le chef argentin est arrivé en [...]