La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Pierre-Yves Chapalain

Pierre-Yves Chapalain - Critique sortie Théâtre
Le Rachat

Publié le 10 janvier 2008

Le public aspiré par l’émotion

L’auteur et acteur Pierre-Yves Chapalain propose Le Rachat, une pièce à trois personnages que met en scène Philippe Carbonneaux. Un rien fantastique.

Vous êtes souvent présent dans vos propres pièces.

Pierre-Yves Chapalain :
J’ai écrit et interprété Travaux d’agrandissement de la fosse, je joue encore dans Le Rachat mais je pense mettre de côté cette expérience. D’une manière ou d’une autre, je m’éloignerai de ma posture d’acteur quand il s’agira de mes propres textes. Écrire exige une extrême concentration ; interpréter nécessite le recours à l’affectif qui provoque la disparition du recul.
 
Le titre Le Rachat a-t-il à voir avec l’idée de rédemption ?

P.-Y. C. :
Concrètement, le rachat n’a pas forcément à voir avec le contenu de la pièce, si ce n’est qu’il est question du rachat d’une maison. Un couple qui vient d’un grand centre urbain, rachète une maison située en bord de mer ; l’océan, le vent, les éléments naturels, le cosmos ont leur pleine part dans ce paysage où ils emménagent. Ils essaient tant bien que mal, d’une façon burlesque, de retaper la maison. Lui n’est pas forcément manuel ; toujours est-il qu’il a écrit un manuscrit que sa femme découvre. Elle est profondément choquée par ce qu’elle a pu y lire tandis que lui ne se souvient plus. Peu à peu, le fantastique s’installe ; un voisin, un personnage extérieur survient qui ajoute encore du suspense à l’intrigue.
 
« Comme si la langue laissait des blancs pour que s’installent à leur place la sensualité et l’imaginaire du public. »
 
C’est la relation à deux que vous éclairez.

P.–Y. C. :
La relation entre l’homme et la femme se déconstruit au fur et à mesure qu’ils s’appliquent à retaper la bâtisse. Des fuites de sable se produisent, et les travaux n’avancent pas ; la maison se délabre en même temps que les liens conjugaux se détériorent. À rester dans cette maison, l’homme change de comportement ; des choses étranges, peut-être surnaturelles, se passent et le couple part à la dérive sans trouver les mots pour dire sa vérité.
 
Le travail sur la langue est considérable.

P.-Y. C. :
Cette dimension est moins flagrante que dans mes autres pièces. J’ai effleuré cet aspect sans l’approfondir, un univers qui aurait sa propre forme, comme si la langue laissait des blancs pour que s’installent à leur place la sensualité et l’imaginaire du public. Une façon aussi de convier le spectateur à participer à l’intrigue : qu’il soit aspiré sur le plateau.
 
Propos recueillis par Véronique Hotte


Le Rachat, De Pierre-Yves Chapalain ; mise en scène de Philippe Carbonneaux. Les 16 et 17 janvier à 20h30 au Théâtre de Cachan.

A propos de l'événement



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