La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Gilles Ostrowsky

Gilles Ostrowsky - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2008

Faire sauter les verrous de l’âme

Gilles Ostrowsky s’arrête sur le pas de La Porte, un parcours, un voyage d’acteur que met en scène Jean-Matthieu Fourt. Un spectacle écrit à partir d’improvisations sur le thème d’un homme et d’une porte.

Qu’y a-t-il derrière cette porte mystérieuse ?

Gilles Ostrowsky :
Au cours d’improvisations, j’ouvre la porte et des personnages surgissent ; c’est ainsi que s’est installé un dialogue. Des figures apparaissent entre le conscient et l’inconscient, en vrac et dans le désordre. Une première séquence laisse entrevoir les souffrances du Christ, et je rejoue en quelque sorte la crucifixion en direct. C’est ce rapport à la religion et à la mort que je traite sur un ton burlesque. La deuxième séquence ouvre la porte sur la présence d’un enfant : c’est moi. L’enfant a peur, j’essaie de le rassurer ; il est terrorisé par les dragons, je le dissuade de cette crainte sans fondement… Or, un dragon arrive et s’ensuit une bataille. C’est un monde d’enfance et de jeux. Quant à la troisième séquence, elle laisse place à l’apparition d’une femme idéale qui révèle la relation à l’amour. Mais l’étrangeté s’installe quand s’insinue aussi la relation à la mère. De l’autre côté de la porte, je me vois dans le ventre maternel en train de revivre mon propre accouchement.
 
« Un solo sur l’intimité, le jeu et le non-jeu. »
 
Votre expérience de clown fait appel à des matières visuelles loufoques.

G. O. :
Le clown installe d’emblée un rapport précis avec le public. Avec La Porte, j’ai voulu reconquérir cette relation d’intimité avec le spectateur. Le spectacle propose des allers-retours entre le jeu lui-même et des interrogations publiques. Ouvrir la porte revient à se laisser envahir par ce qui apparaît, de la même manière que l’acteur se fait happer par ses propres émotions. Je recours aussi à des effets de réel en introduisant une anecdote sur mon fils. Qu’est-ce que jouer ? Quand joue-t-on ? Quand ne joue-t-on pas ? Un solo sur l’intimité, le jeu et le non-jeu.
 
Que représente symboliquement cette porte ?

G. O. :
La porte, c’est celle qu’on ouvre ou qu’on refuse d’ouvrir. Certains n’ouvrent jamais la porte, ils restent leur vie entière devant une porte fermée. D’autres laissent la porte grande ouverte et se laissent complètement déborder. Cette porte est le point de passage entre le réel et l’imaginaire, ce qui permet un incessant va-et-vient du banal au fantastique. Une façon de faire sauter les verrous intérieurs de l’âme.
 
Propos recueillis par Véronique Hotte


La Porte, conception et interprétation de Gilles Ostrowsky ; mise en scène de Jean-Matthieu Fourt. Les 24 et 25 janvier 2008 à 21h au Théâtre Arc-en-Ciel de Rungis.

A propos de l'événement



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