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Focus -223-Convergences à l'Opéra national de Paris

Entretien / Christophe Ghristi

Entretien / Christophe Ghristi - Critique sortie Classique / Opéra Paris Opéra Bastille
Légende : Christophe Ghristi © Elisa Haberer / Opéra national de Paris

Publié le 30 août 2014 - N° 223

Une programmation plurielle

Le directeur de la dramaturgie de l’Opéra national de Paris, qui a quitté ses fonctions cet été,  présente la série “Convergences“ à l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille, dont il a dirigé la programmation depuis 2009. 

Quelle était au départ l’intention de ces « Convergences » ?

Christophe Ghristi : L’idée tenait au lieu : l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille, une salle formidable de 500 places, complémentaire de la grande salle, n’avait jusqu’alors pas vraiment trouvé sa vocation. C’est pourtant un lieu idéal pour la petite forme : la musique de chambre et bien sûr la mélodie et le lied. J’avais envie d’installer à Paris une série de récitals qui ne soient pas tant centrés sur les chanteurs que sur les œuvres, avec une vraie réflexion quant à la programmation. La beauté du récital s’appuie sur la cohérence du programme et sur sa dramaturgie.

Comment cette programmation s’articule-t-elle avec celle des grandes scènes de Bastille et Garnier ?

C. G. : Nicolas Joël m’a toujours donné carte blanche pour la programmation. Cependant, il existe parfois des… convergences avec telle ou telle production lyrique. C’est le cas cette saison pour le concert de Nelson Goerner et Marthe Keller autour de Maeterlinck, qui fait évidemment écho à la reprise de Pelléas et Mélisande. Nous aurons également deux concerts Chausson en mai au moment des représentations du Roi Arthus.

« La rencontre de la musique et du langage est toujours fascinante. »

Peut-on parler d’une approche plus littéraire de la musique vocale ?

C. G. : La dimension littéraire est essentielle. Elle a, à mon sens, autant d’importance que la part musicale, et c’est pour cette raison que nous avons proposé plusieurs soirées littéraires, comme la saison dernière autour d’Apollinaire. La rencontre de la musique et du langage est toujours fascinante. Je voulais par exemple programmer une soirée qui soit entièrement consacrée à Goethe et j’ai reçu avec beaucoup d’enthousiasme la proposition du baryton Christian Gerhaher d’un concert mêlant les chefs-d’œuvre de Schubert – comme les trois chants du Harpiste, Ganymède ou Prométhée – et une création de Wolfgang Rihm, qui est la mise en musique du grand poème de Goethe, Harzreise in Winter, que Brahms avait utilisé dans sa Rhapsodie pour contralto, chœur et orchestre.

Cette rencontre de la note et du mot, vous la déclinez sous toutes ses formes et dans ses différents formats…

C. G. : Oui. C’est le cas avec les Cantiques de Britten dans lesquels interviennent la harpe ou le cor ou avec Pierrot lunaire de Schoenberg. Je suis aussi heureux que Stéphane Degout chante les Chansons madécasses de Ravel avec leur orchestration si particulière. Le dernier concert de “Convergences“, en juillet prochain, me tient beaucoup à cœur. Autour des Liebeslieder, ces magnifiques quatuors vocaux de Brahms, quatre grands interprètes de lieder – Soile Isokoski, Janina Baechle, Christoph Prégardien et Michael Volle – se retrouvent, heureux de faire ensemble de la musique de chambre, ce que l’on ose aujourd’hui à peine leur demander. Soile Isokoski, par exemple, ne les a jamais chantés. Et pourtant elle les connaît par cœur ! De même, Annick Massis est ravie de pouvoir faire ici le contraire de ce qu’on attend d’elle. Poulenc et Messiaen ? Elle a dit oui tout de suite.

On a parlé de Wolfgang Rihm. La création a-t-elle toujours été un axe de “Convergences“ ?

C. G. : La création a toujours été présente grâce à la coopération étroite avec le Festival d’automne. Cette année, je suis particulièrement heureux de programmer à la fois Wolfgang Rihm, Jörg Widmann pour l’un de ses premiers concerts avec Elisabeth Leonskaja, une création de Bruno Mantovani en coproduction avec le Wigmore Hall de Londres et une œuvre de Guillaume Connesson par Jérôme Pernoo.

 

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun

 

Convergences, de septembre 2014 à juillet 2015. Opéra-Bastille, Amphithéâtre, Place de la Bastille, 75012 Paris. www.operadeparis.fr

A propos de l'événement

Christophe Ghristi
Opéra Bastille
Place de la Bastille, Paris, France
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