La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -171-onde

Artur Ribeiro

Artur Ribeiro - Critique sortie Théâtre
Légende photo (crédit Xavier Cantat) : Deux personnages issus de Fragments du désir, nouvelle création de la compagnie Dos à Deux.

Publié le 10 octobre 2009

Fragments du désir : onirisme et théâtralité

Fragments du désir est la toute nouvelle création de la compagnie Dos à Deux. Ecrite à deux voix par les complices André Curti et Artur Ribeiro, elle mêle théâtre gestuel, théâtre d’objets et danse autour d’un univers singulier, mais en prise directe avec les grandes réflexions d’une société en mouvement.

« Ce qui nous intéresse le plus, ce sont le minimalisme de la gestuelle et la force du récit. »
 
Comment situez-vous cette nouvelle pièce par rapport à votre travail ?
Artur Ribeiro : Nous avons évolué par rapport aux précédents spectacles. Jusqu’à Saudade, on restait dans la même forme de dramaturgie. Mais ici, c’est une autre forme de récit, avec des fragments, sans narration linéaire. Même si nous empruntons une autre route, nous restons cependant dans l’onirisme qui caractérise notre travail, tout en accentuant sa théâtralité. Ce qui nous intéresse le plus, ce sont le minimalisme de la gestuelle et la force du récit, sans pour autant s’appuyer sur la virtuosité. Cela nous emporte dans une certaine retenue, dans une densité qui est aussi une forme de danse. La frontière peut être infime entre les disciplines. Aujourd’hui, nos corps sont prêts, dans le sens où nous avons acquis une maturité dans le travail. Nous collaborons pour cette pièce avec des comédiens qui sont de la même génération qu’André Curti et moi-même, qui ont eux aussi passé un cap, et peuvent assumer la concentration et la retenue.

Comment traitez-vous de la différence, la thématique principale qui se dégage de Fragments du désir ?
A. R. : Les histoires s’entrecroisent, et différents personnages s’en dégagent. Ce qui nous fait bouger, c’est vraiment le désir de raconter une histoire. Les personnages évoluent tout au long du spectacle, on les emmène tous quelque part malgré la fragmentation du récit. Il y a par exemple un noyau familial avec un père, son fils, et une gouvernante. On suit l’évolution du père qui devient handicapé, et on assiste à la difficulté d’accepter les différences de chacun. Il y a également un personnage aveugle qui vit son handicap de manière naturelle. Il est dans une autre quête d’amour, de lumière ; et puis il y a cette autre créature singulière, un peu comme un ange…

La différence passe-t-elle uniquement par la notion de handicap ?
A. R. : Non, pas du tout. Nous abordons aussi d’autres thématiques tels que l’homosexualité, ou le travestissement. C’est l’un des gros conflits qui habitent le personnage d’André, qui veut devenir une femme, et connaît avec son père des non-dits, des silences pesants. Ce qui compte, c’est d’abord d’être accepté dans son noyau familial. Car le plus important, c’est ce lien familial qui nous construit dans la vie. Le rapport à la société vient après. Nous traitons ce sujet avec distance, et sans réalisme. Nous mettons un voile, teinté d’onirisme et de beauté, pour que cela puisse être digéré d’une autre manière. C’est notre façon de toucher le public, de le faire réfléchir sur des choses qui nous tiennent à cœur.
 
Propos recueillis par Nathalie Yokel


Fragments du désir, d’André Curti et Artur Ribeiro, les 12, 13 et 14 novembre à 21h. www.dosadeux.com

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