Festival Hautes Tensions

Les femmes à Hautes Tensions ne sont pas les dernières pour provoquer l’émotion et nous pousser dans nos retranchements. Le festival s’ouvre sur un sacré duo, qui ose prendre à bras-le-corps un verbe : celui d’être capilotracté. Ou plus trivialement « tiré par les cheveux », action qu’il revendique en la prenant au mot ! Avec Capilotractées, Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen puisent dans leur chevelure la ressource pour un ballet aérien des plus dérangeants et réactivent à leur façon une pratique troublante du cirque d’antan. Dans un tout autre registre, Chloé Moglia plonge cinq femmes dans la recherche profonde qui l’anime depuis toujours, au bord des abymes du vide. Se tenir à la lisière de l’espace, éprouver les micro-mouvements de la pesanteur à l’intérieur du corps, interroger notre résistance à la suspension… Inspirée par les terrains philosophiques et scientifiques qui s’ouvrent à elle, elle dessine l’espace-temps d’Aléas dans une scénographie tranchant l’horizontalité et la verticalité.

Différentes conceptions du risque

Fameux interprète de cirque et de danse, Cyrille Musy a récemment fondé sa compagnie Kiaï. Son projet artistique personnel est à la mesure de son parcours et de ses collaborations : à la frontière des arts, faisant du corps le vecteur essentiel pour révéler la poésie de l’humain. Pour son projet Off, il s’adjoint la complicité de Sylvain Décure (ex-AOC). Autour d’un trampoline, ils sont cinq, acrobates, hip hopeur, clown, équilibriste, contorsionniste, à évoluer dans la réalité décalée que leur proposent leurs personnages. Entre autres projets du festival, on découvrira le solo de Sébastien Wojdan, à qui l’on devait un précédent Risque Zero. Même philosophie pour Marathon, où le risque s’inscrit dans les fondements du spectacle, qu’il détourne pour un portrait en forme d’ode à la liberté.

Nathalie Yokel