Le Moche – Voir clair – Perplexe
Glissements de temps, d’espaces, [...]
Aux ateliers Berthier, Alain Françon met en scène la dernière pièce de Peter Handke, Toujours la tempête. Une plongée dans l’histoire de la Slovénie qui éclaire également son auteur.
Cette pièce est-elle marquée par le vécu de Peter Handke ?
Alain Françon : Peter Handke est un slave, slovène par sa mère, élevé dans une famille de paysans catholique en Carinthie, province autrichienne où la langue slovène était minoritaire. Comme souvent à la campagne, ce devait être un endroit de récits, un endroit où l’on raconte les histoires du passé sans plus vraiment savoir qui a fait quoi, jusqu’à créer un véritable fonds commun d’histoires.
Et que raconte Toujours la tempête ?
« C’est une fiction magnifique liée à un dialogue avec les ancêtres. »
Cette histoire éclaire-t-elle certaines prises de position de Handke ?
A.F. : Il ne s’agit pas d’une entreprise de clarification mais cette pièce explique effectivement certaines choses. Milosevic est un des derniers députés à s’être opposé à l’explosion de la fédération yougoslave, et Handke est nostalgique de cette Yougoslavie où cohabitaient sans problème les différentes ethnies et religion. Handke avait écrit en 91 un texte intitulé « ma Slovénie en Yougoslavie », répondant à l’appel «Il faut sauver la Slovénie » de Milan Kundera.
En quoi cette histoire nous concerne-t-elle ?
A. F. : D’une part, les problèmes régionaux restent ouverts, le sort de la minorité slovène et de son identité est toujours tragique. J’ai d’abord dit à Peter Handke : « Pourquoi moi, monterais-je cette pièce ? Je ne suis pas carinthien ». Puis, dès les premières lectures, l’authenticité des sentiments, extrêmement émouvante, m’a frappée. C’est une fiction magnifique liée à un dialogue avec les ancêtres et les personnages de la pièce sont tous porteurs d’histoires émotionnellement très fortes.
Propos recueillis par Eric Demey
19h30, le dimanche à 15h, relâche le lundi. Tel : 01 44 85 40 40.
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