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Jazz / Musiques - Entretien

Éloge d’une douceur primitive – entretien avec Jean-Marie Machado

Éloge d’une douceur primitive – entretien avec Jean-Marie Machado - Critique sortie Jazz / Musiques Paris Le Centquatre
©Cécil Mathieu

Le Centquatre / Café de la Danse / piano solo et création Danzas

Publié le 19 décembre 2022 - N° 307

Amorcé en décembre, le « Triptyque à Paris » du pianiste et compositeur Jean-Marie Machado fait étape au Centquatre pour un piano solo en janvier puis au Café de la Danse en février à l’occasion de la sortie de « Cantos Brujos » de son orchestre Danzas.

Pourquoi avoir donné le titre de « Primitive Sensoriality » à ce piano solo ?
Jean-Marie Machado
 : J’ai été très marqué par le livre d’Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, dans lequel elle explique que, loin d’être une faiblesse, la douceur est un don, qui engage une façon de se comporter et d’être lié à une sensorialité primitive, car elle se développe dans la vie intra-utérine et la petite enfance. Dans l’exercice du piano solo, la question la plus importante pour moi est de savoir comment je vais m’adresser au clavier, quel sera l’état dans lequel je vais me sentir bien pour jouer. Ce bien-être est très lié au tactile, à l’émouvant, à une forme de recherche de douceur au bout des doigts. Le piano est un instrument qu’il faut modeler, dans un geste sensible, intime. Il faut oser cette douceur, qui nous ramène au primitif.

« Le piano est un instrument qu’il faut modeler, dans un geste sensible, intime. »

Quel répertoire est au cœur de ce programme ?
J.-M. M.
 : Ce sont de nouvelles pièces, qui ont une forte couleur personnelle. Quand on est artiste, on apprend à se défaire des couches inutiles, à se débarrasser des considérations de virtuosité et de technique pour arriver à une forme de vérité de l’instant. Pour moi, le solo fait partie d’une narration, dans laquelle on cherche à aller au plus proche d’une vérité musicale voulue. Je prépare ce projet avec l’ingénieur du son Gérard de Haro car nous allons en tirer un disque. Il apporte une dimension d’interactivité sur certaines pièces, avec des sons enregistrés en temps réel qui seront redonnés dans la musique. On travaille en étroite collaboration, notamment sur tous les aspects liés au timbre de l’instrument. Je sens que je suis à un moment d’équilibre, et que le temps est venu de me retrouver seul face à cette matière.

Quelle est l’inspiration des « Cantos Brujos », le répertoire de votre orchestre Danzas qui parait sur disque en février ?
J.-M. M.
: Ce répertoire est le cinquième que j’imagine pour l’orchestre. Il s’agit d’une relecture complète de L’Amour sorcier de Manuel de Falla (El Amor brujo, en espagnol), une « gitanerie musicale » dont nous avons gardé la narration, le livret, les textes, tout en le réadaptant complètement pour en faire un spectacle. L’orchestre comprend une chanteuse, un quatuor à cordes, des musiciens de jazz. L’idée désormais est d’aller progressivement dans le temps jusqu’à aboutir à la forme de l’opéra, un projet qui devrait voir le jour à l’horizon 2024-2025.

Propos recueillis par Vincent Bessières

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A propos de l'événement

Éloge d’une douceur primitive
du mercredi 18 janvier 2023 au jeudi 19 janvier 2023
Le Centquatre
5 rue Curial, 75019 Paris

« Primitive Sensoriality » (piano solo). à 20h. Tel. 01 53 35 50 00 www.104.fr
« Cantos Brujos » (avec l’orchestre Danzas) : Café de la Danse, 5, passage Louis-Philippe, 75011 Paris. Jeudi 9 février 2023 à 20h. www.cafedeladanse.com

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