La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Les Femmes savantes

Les Femmes savantes - Critique sortie Théâtre Ivry-sur-Seine Théâtre d'Ivry Antoine Vitez
Elisabeth Chailloux

Theâtre des Quartiers d'Ivry / Molière / mes Elisabeth Chailloux

Publié le 21 décembre 2015 - N° 239

Quand des femmes décident de prendre le pouvoir par le savoir, Molière leur envoie l’escroc Trissotin. Alors, Les Femmes savantes, pièce misogyne ou pas ? Réponse avec Elisabeth Chailloux.

Pouvez-vous nous remettre en mémoire cette pièce, dont on se souvient tous plus ou moins  ?

Elisabeth Chailloux : Les Femmes savantes sont l’avant-dernière pièce de Molière, juste avant Le Malade imaginaire. C’est une comédie pure et dure, mais aussi une pièce dont on peut se demander si elle est féministe ou réactionnaire. Dans la maison de Chrysale, les femmes ont pris le pouvoir et décidé de consacrer leur existence au savoir. Les hommes de la maison laissent faire jusqu’à ce que Philaminte renvoie la cuisinière, la seule qui savait faire à manger. Si bien que, comble du désordre chez les bourgeois, on ne déjeune plus à l’heure ! Les hommes décident alors de reprendre le pouvoir, ce qu’ils feront en mettant à jour la bêtise de Trissotin, le maître spirituel que s’étaient choisi les femmes.

Est-ce donc une pièce féministe ou misogyne  ?

E.C. : On creuse cette question avec les comédiens. Ce qui est sûr, c’est qu’hommes et femmes en prennent également pour leur grade. En fait, je pense que c’est une pièce absolument féministe et absolument réactionnaire. Mais ce qui me touche le plus, c’est que ces femmes sont ridicules, c’est vrai, et ont absolument tout faux, mais que cette pièce permet aussi de revisiter leur rêve, ce désir qu’elles expriment maladroitement et qui va être repris et transformé par d’autres.

« C’est une pièce absolument féministe et absolument réactionnaire. »

Quel est ce désir exactement  ?

E.C. : Il y a une tirade de Philaminte sur sa recherche des sublimes clartés que je trouve extrêmement touchante. Ces femmes veulent avoir accès au savoir, à la littérature, aux sciences, et ce n’est pas parce qu’elles s’y prennent mal que d’autres ne réussiront pas plus tard. Au 18ème, ce sont souvent des femmes qui règnent sur les salons savants et mondains qui se développent dans toute l’Europe.

C’est aussi une pièce sur le langage  ?

E.C. : Absolument. Les Femmes savantes est la seule pièce que je connaisse dont le sujet est la manière dont on parle. Martine la cuisinière est par exemple renvoyée pour ses défauts de langage. Les femmes savantes édifient le projet de chasser les syllabes sales de la langue française, du type « con », « cu ». Le tout porté par les alexandrins de Molière, d’une précision incroyable et très proches de la prose.

Quels seront vos parti pris de mise en scène  ?

E.C. : Scéniquement, quelques chaises à vue, où l’on vient s’affronter avec des mots. L’action sera transposée dans les années 1960, années où s’affirmait une pensée féministe, qui avec le recul peut faire sourire parfois, en raison de certains excès.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Les Femmes savantes
du lundi 4 janvier 2016 au dimanche 31 janvier 2016
Théâtre d'Ivry Antoine Vitez
1 Rue Simon Dereure, 94200 Ivry-sur-Seine, France

à 20h, le jeudi à 19h, le dimanche à 16h. Relâche le lundi. Tel  : 01 43 90 11 11. Le 2 février à St-Michel sur Orge, les 7 et 8 mars à Vitry/Seine.

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