La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Roberto Zucco

Roberto Zucco - Critique sortie Théâtre saint denis Théâtre Gérard-Philipe
Pio Marmaï et Luce Mouchel, formidables interprètes de Roberto Zucco. Crédit : Jean-Louis Fernandez

Théâtre Gérard-Philipe – CDN de Saint-Denis / de Bernard-Marie Koltès / mes Richard Brunel

Publié le 21 décembre 2015 - N° 239

Créé en novembre dernier à la Comédie de Valence, le Roberto Zucco opératique mis en scène par Richard Brunel parcourt les routes de France. Un enthousiasmant spectacle de troupe qui fait halte, pour trois semaines, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis.

Le théâtre de Bernard-Marie Koltès (publié aux Editions de Minuit) aura brillé de deux beaux feux en cette saison 2015/2016. Après la version du Retour au Désert créée par Arnaud Meunier à la Comédie de Saint-Etienne*, c’est au tour de Richard Brunel de faire résonner la langue dense et charnelle du dramaturge disparu, en 1989, des suites du sida. Pour ce faire, le directeur de la Comédie de Valence a choisi de mettre en scène Roberto Zucco, dernière œuvre de Koltès qui s’inspire du parcours de mort du célèbre tueur en série italien. C’est le comédien Pio Marmaï – que l’on connaît surtout pour sa carrière au cinéma – qui incarne ici ce personnage trouble, lumineux et ambivalent. Et il le fait magnifiquement, à travers une composition à la fois puissante et extrêmement précise, tout en sensibilité, confirmant sur un plateau de théâtre le talent qu’on lui connaît sur grand écran. Mais l’admirable spectacle conçu par Richard Brunel n’a rien d’une mécanique tournant autour d’une figure-star.

Un soleil noir porté haut par Pio Marmaï

Equilibrée, fluide, profondément vivante, la vision de Roberto Zucco portée par le directeur de la Comédie de Valence privilégie au contraire le groupe, la choralité. Dans l’ingénieuse scénographie signée Anouk Dell’Aiera (qui invente et réinvente sans cesse l’espace à l’aide d’échafaudages et de parois coulissantes – les lumières de Laurent Castaingt, les costumes de Benjamin Moreau et la création-son de Michaël Selam contribuent à la réussite esthétique de la représentation), chaque voix retentit, chaque individualité apporte sa pierre à l’édifice du théâtre qui s’élève sous nos yeux. Car la troupe constituée par le directeur de la Comédie de Valence est rare. Axel Bogousslavsky, Noémie Develay-Ressiguier, Evelyne Didi, Valérie Larroque, Babacar M’Baye Fall, Laurent Meininger, Luce Mouchel, Tibor Ockenfels, Lamya Regragui, Christian Scelles, Samira Sedira, Thibault Vinçon, Nicolas Hénault : tous sont remarquables. Aux côtés du soleil noir qu’incarne Pio Marmaï, ils donnent chair et amplitude à cette succession de tableaux aux inflexions complexes. Entre grâce et mystère. Rigueur et inspiration.

Manuel Piolat Soleymat

* Critique dans La Terrasse n° 237, novembre 2015.

A propos de l'événement

Roberto Zucco
du vendredi 29 janvier 2016 au samedi 20 février 2016
Théâtre Gérard-Philipe
59 Boulevard Jules Guesde, 93200 Saint-Denis, France

Du lundi au samedi à 20 h, le dimanche à 15h30. Relâches les mardis. Durée : 1h40. Spectacle vu à la Comédie de Valence. Tél. : 01 48 13 70 00. www.theatregerardphilipe.com

 

Egalement les 6 et 7 janvier 2016 au Théâtre de Lorient, du 13 au 16 janvier au Théâtre national de Toulouse, du 1er au 3 mars au Théâtre de Caen, du 10 au 12 mars au Centre dramatique national Orléans / Loiret / Centre, les 17 et 18 mars à la Comédie de Clermont-Ferrand.

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