La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Jachère

Jachère - Critique sortie Théâtre saint denis Théâtre Gérard-Philipe
Le metteur en scène Jean-Yves Ruf. Crédit : Olivier Rochat

Entretien / Jean-Yves Ruf

Publié le 21 décembre 2015 - N° 239

Fruit d’une écriture de plateau issue des répétitions avec William Edimo, Isabel Aimé Gonzalez Sola, Laurence Mayor, Juliette Savary, Alexandre Soulié, Bertrand Usclat, Jachère est le troisième opus d’un cycle intitulé, par le metteur en scène Jean-Yves Ruf, la Trilogie des bars. Création le 7 janvier au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis.

Quelle idée a été à l’origine de cette Trilogie des bars, initiée avec Chaux Vive en 2000 et Silures en 2006 ?

J.-Y. R. : Je ne me suis pas dit, un jour, que j’allais faire une Trilogie des bars. J’ai réuni ces spectacles sous cette appellation après les avoir créés, en constatant qu’ils appartenaient tous les trois au même univers. Avec Silures, après Chaux vive, je suis parti du poème de Coleridge, La Complainte du vieux marin. Mais plutôt que de mettre en scène un bateau, j’ai eu envie d’imaginer un bar, qui est aussi un lieu un peu isolé, avec des bruits de percolateur qui peuvent faire penser à ceux d’un moteur. Il y a des gens qui sont là, qui ne sont pas chez eux mais forment une sorte de famille… Je me suis dit qu’il y avait beaucoup de parallèles entre un bateau et un bar.

Quel nouvel éclairage Jachère apporte-t-il sur ce monde des bars ?

J.-Y. R. : En fait, si on regarde bien Chaux vive et Silures, on ne peut pas vraiment dire que ce sont des spectacles sur le monde des bars. Peut-être un peu plus Jachère, d’ailleurs. Mais Chaux vive, c’était plus une création qui imagine le bar comme un sas entre le travail et la famille. Dans Silures, certains voyaient un pétrolier, d’autres une sorte de bar industriel qui n’était pas vraiment un bar, avec des grandes cuves… A chaque fois, on a trouvé un espace qui part du bar, mais qui dévie ailleurs. Finalement, ces espaces ont plus à voir avec des idées de bars, des sortes de bars intérieurs. Pour créer Jachère, on a beaucoup travaillé à partir de textes : Dante, Murakami… Certains d’entre eux sont restés, d’autres ont simplement nourri nos improvisations. Au final, il y a plus de textes dans ce spectacle que dans les deux autres, plus de vidéos aussi. Il y a aussi toutes sortes de sons, dont des sons de moteur, qui viennent d’une machine présente sur le plateau, une machine qui d’une certaine façon est un peu comme le cœur du bar…

« Pour créer Jachère, on a beaucoup travaillé à partir de textes : Dante, Murakami… »

Qui sont les femmes et les hommes qui peuplent cet endroit ?

J.-Y. R. : Ce sont des êtres assez énigmatiques, dont on ne capte que des bribes de biographies. Tout cela est assez elliptique. Le personnage principal, d’ailleurs, n’a que trois répliques. Il ne parle presque pas. Il regarde les autres. Il arrive dans ce lieu comme un intrus et il est témoin de ce qui se passe. C’est donc à travers son regard que l’on découvre cet endroit. Le matériau de ce spectacle est assez sombre. Mais je ne voulais pas tomber dans une chose trop lourde. J’ai donc pensé ces personnages un peu comme des clowns. Ils s’étonnent d’un rien, sont souvent à contretemps, au bord de la chute. Ils établissent des liens entre des choses très profondes, très sombres, et d’autres choses beaucoup plus légères, plus ludiques.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

du jeudi 7 janvier 2016 au samedi 23 janvier 2016
Théâtre Gérard-Philipe
59 Boulevard Jules Guesde, 93200 Saint-Denis, France

Du lundi au samedi à 20 h, le dimanche à 15 h 30. Relâches les mardis. Durée : 1h45. Tél. : 01 48 13 70 00. www.theatregerardphilipe.com

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