La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Espía a una mujer que se mata

Espía a una mujer que se mata - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l'Epée de bois
Le metteur en scène Guy Delamotte, co-directeur du Panta-Théâtre.

Théâtre de l’Epée de Bois / de Daniel Veronese / mes Guy Delamotte / Entretien / Guy Delamotte

Publié le 26 septembre 2016 - N° 247

Guy Delamotte présente, à l’Epée de Bois, sa mise en scène d’Espía a una mujer que se mata, de l’Argentin Daniel Veronese. Une adaptation d’Oncle Vania qui nous plonge dans les troubles et les incertitudes de l’être contemporain.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cette adaptation contemporaine d’Oncle Vania plutôt que de mettre en scène le texte original d’Anton Tchekhov ?

Guy Delamotte : Il y a eu d’abord une envie de revenir à un travail à travers lequel les acteurs pourraient courir les uns vers les autres, se prendre dans les bras, se gifler, s’embrasser… Un travail au cours duquel le corps allait vraiment être en jeu. Nous avons pensé à Tchekhov, mais comme les recherches du Panta-Théâtre (ndlr, compagnie codirigée, à Caen, par Guy Delamotte et Véro Dahuron) sont principalement tournées vers les écritures contemporaines, il nous a paru intéressant de créer la variation contemporaine d’Oncle Vania écrite par Daniel Veronese. Comme il l’a lui-même dit, l’auteur argentin a gardé le nerf de la pièce, tout en réduisant celle-ci au strict nécessaire. Et il en ressort, je crois, une violence encore plus grande que chez Tchekhov.

« Nous ne savons plus trop où sont les espérances, les rêves et les utopies possibles. »

Daniel Veronese développe sur scène, à partir de ses textes, un théâtre très incarné, très enraciné dans le présent et le quotidien. Vous êtes-vous emparé de sa pièce avec la même ambition ?

G. D. : Oui car contrairement à d’autres spectacles, nous n’avons pas ici voulu nous situer dans l’esthétisme, dans une recherche scénique élaborée. Pour nous, l’essentiel a vraiment été de rester dans l’énergie de ce texte, de cette histoire qui se joue au sein d’un espace relativement modeste. Tout cela, de façon à rendre compte du déchirement de cette famille, d’un marasme qui ne renvoie jamais à une forme de mollesse ou de mélancolie langoureuse. Tous ces personnages veulent s’en sortir. Ils aimeraient qu’une petite lumière s’allume pour leur indiquer le chemin à suivre.    

Qu’est-ce qui, fondamentalement, vous intéresse – pour aujourd’hui – dans les thématiques et les êtres imaginés par Anton Tchekhov, et réinventés par Daniel Veronese ?

G. D. : Dans Espía a una mujer que se mata (ndlr, pièce traduite en français par Françoise Thanas), on retrouve bien sûr les thématiques de Tchekhov, mais il me semble que ce texte pose la question de la mort et du suicide de façon peut-être encore plus aiguë qu’Oncle Vania. Ce qui a d’ailleurs sans doute motivé l’écriture de cette variation, c’est la crise qu’a vécue l’Argentine à la fin des années 1990 et au début des années 2000. D’une certaine façon, Veronese établit un parallèle entre cette situation et le marasme tchekhovien. Je trouve qu’aujourd’hui nous sommes dans une situation un peu similaire : les deux pieds dans la boue, sans parvenir à nous en extirper… Nous ne savons plus trop où sont les espérances, les rêves et les utopies possibles. Le théâtre est là pour poser la question de notre présence au monde, de notre présence aux autres. C’est l’une des choses qu’il nous a paru important d’explorer à travers ce spectacle.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Espía a una mujer que se mata
du lundi 24 octobre 2016 au mercredi 23 novembre 2016
Théâtre de l'Epée de bois
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

Du lundi au mercredi à 20h30. Durée de la représentation : 1h35. Tél. 01 48 08 39 74.

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