La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Un Chêne

Un Chêne - Critique sortie Théâtre Paris La Maison d’Europe et d’Orient
Crédit photo : Karine Labuz

La Maison d’Europe et d’Orient - Théâtre du Viaduc / Un Chêne / de Tim Crouch / mes Jean-Marc Lanteri

Publié le 26 septembre 2016 - N° 247

Avec Marc Bertin et un acteur différent à chaque représentation, Jean-Marc Lanteri met en scène le texte de Tim Crouch, Un Chêne, en invitant l’art conceptuel au théâtre.

« Un spectacle extrêmement roboratif, ambitieux et spiritualiste, qui croit à la résurrection des morts. »

Que raconte la pièce ?

Jean-Marc Lanteri : La pièce raconte un événement assez simple si on la réduit à sa fable pathétique et mélodramatique. Un magnétiseur qui pratique l’hypnose foraine est en tournée, avec tout son matériel dans sa voiture. Un soir, il écrase une petite fille qui allait à sa leçon de piano. L’événement ressurgit quand le père de la petite fille s’enrôle comme cobaye du spectacle et se fait reconnaître de l’hypnotiseur en même temps qu’il le reconnaît. Mais il est très superficiel d’ainsi présenter le spectacle.

Quelle est son originalité, hors anecdote ?

J.-M. L. : La pièce répond à une structure en thème et variations, comme Les Variations Goldberg, qui l’accompagnent. La construction prismatique autour de cet événement central de la mort de la petite fille se répète et change sans cesse selon différents dispositifs formels. La pièce est un duo. Un acteur demeure et connaît bien son rôle. Il guide le deuxième acteur qui joue toute la pièce sans rien en savoir avant d’entrer sur le plateau. Le texte lui est communiqué par différents moyens sans qu’il l’ait lu auparavant, et il ne joue la pièce qu’une seule fois. Le dispositif est à nu ; toutes les clés sont d’emblée données au public.

Quel est le sens du titre de cette pièce ?

J.-M. L. : Cette pièce, très complexe à lire, acquiert une évidence quand on la voit jouer, malgré l’enchâssement des strates de jeu. Il s’agit d’un spectacle extrêmement roboratif, ambitieux et spiritualiste, qui croit à la résurrection des morts et tente d’intégrer l’art conceptuel à l’art théâtral. Le titre fait référence à An Oak Tree, œuvre de Michael Craig-Martin, exposé à la Tate Gallery en 1973. Cette œuvre est une étagère de verre sur laquelle est posé un verre d’eau. Commentant cette œuvre d’art conceptuel dans un entretien, Michael Craig-Martin dit que le verre d’eau a été changé en arbre. Il y a là une sorte d’acte de foi spiritualiste qui trouve son aboutissement fictionnel au théâtre : « j’ai changé la substance de ma fille en celle d’un arbre », dit le père. Il y a une sorte d’acte d’autorité de l’imaginaire que doit partager le spectateur, le processus imaginaire se transportant dans son esprit.

Quels sont vos choix de mise en scène ?

J.-M. L. : Le texte est très écrit, de manière méticuleuse, quasi maniaque. Lorsque Tim Crouch le joue, il use d’un dispositif frontal. A la Maison d’Europe et d’Orient, j’utiliserai un double dispositif, frontal et bifrontal. La scène frontale est celle du numéro d’hypnose alors que les scènes entre le père et l’hypnotiseur se joueront en bifrontal, afin que le naturalisme apparaisse. J’essaie de bousculer la partition pour l’amener dans une tension naturaliste plus incarnée. Le potentiel comique se révèle alors, du fait des effets de surprise entre les différentes strates du texte.

Propos recueillis par Catherine Robert

 

A propos de l'événement

Un Chêne
du mardi 11 octobre 2016 au samedi 5 novembre 2016
La Maison d’Europe et d’Orient
3 Passage Hennel, 75012 Paris, France

Du mardi au samedi à 20h30. Tél. : 01 40 24 00 55.

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