La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Réparer les vivants

Réparer les vivants - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point
Emmanuel Noblet dans Réparer les vivants. Crédit : Aglaé Bory

Théâtre du Rond-Point / d’après Maylis de Kerangal / adaptation, jeu et mes Emmanuel Noblet

Publié le 27 septembre 2016 - N° 247

Depuis sa création en juillet 2015, dans le Off d’Avignon, Emmanuel Noblet parcourt les routes de France avec Réparer les vivants. Etape parisienne de cette longue tournée, le Théâtre du Rond-Point accueille cette adaptation sans grande vision du roman de Maylis de Kerangal.

Le style est limpide, bien que luxuriant. Dense. Accumulatif. Empreint de quotidien, quoiqu’extrêmement travaillé. Il use de phrases démesurées, qui peuvent courir sur plusieurs pages. Comme de toutes sortes d’incises. De rebonds et de répétitions. Avec Réparer les vivants*, Maylis de Kerangal a signé, en 2013, un roman ambitieux. L’écriture est souveraine et le sujet poignant : Simon Limbres, un jeune homme de dix-neuf ans parti surfer avec deux copains, est victime d’un grave accident de la route. Transporté à l’hôpital dans un état désespéré, les médecins apprennent à ses parents que leur fils est en situation de mort cérébrale. Son cœur bat toujours, mais son esprit n’est plus là. Ils ne le reverront pas. Se pose alors la question du don de ses organes. Cadre légal. Perspectives éthiques. Charges symboliques. Modes opératoires. D’accord, mais pas les yeux, finissent par trancher les Limbres. Une course contre le temps se met en marche.

Petits effets scéniques plutôt que souffle littéraire                              

Une course qui se termine par la transplantation du cœur de Simon dans la poitrine de Claire, une femme de cinquante ans condamnée par une myocardite. Adaptateur, interprète et metteur en scène du spectacle (Benjamin Guillard signe la collaboration à la mise en scène et la direction d’acteur), Emmanuel Noblet présente une création qui cantonne l’œuvre de Maylis de Kerangal à ses principales lignes narratives et psychologiques. Le résultat, certes efficace, et qui évite les dérives du pathos, manque pourtant de force. Et de vision. On n’est jamais totalement emporté par cette succession de scènes dont l’interprétation frôle, par moments, les codes du one-man-show. En privilégiant les petits effets scéniques à une véritable réinvention théâtrale du souffle littéraire qui traverse le texte, le comédien affadit Réparer les vivants. Il perd l’ampleur de l’écriture : la voix et le regard de l’auteure ne sont plus vraiment là.

Manuel Piolat Soleymat

* Roman publié aux Editions Gallimard / Collection Verticales.

 

A propos de l'événement

Réparer les vivants
du mercredi 7 septembre 2016 au dimanche 9 octobre 2016
Théâtre du Rond-Point
2 Avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris, France

à 21h. Le dimanche à 15h30. Relâches les lundis. Durée de la représentation : 1h25. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.

 

Egalement du 11 au 21 octobre 2016 à La Rose des Vents à Villeneuve d’Asq, les 3 et 4 novembre au Grand R à la Roche-sur-Yon, du 15 au 19 novembre à la Comédie de Valence, les 6 et 7 janvier 2017 au Théâtre Jean-Arp de Clamart, du 21 au 23 février au Théâtre Les Sablons à Neuilly, le 25 février au Théâtre de Maisons-Alfort, le 24 mars au Théâtre de Saint-Germain-en-Laye, du 19 au 23 avril au Théâtre de Suresnes, du 17 au 19 mai à la Maison des Arts de Chalon-sur-Saône, le 23 mai au Théâtre de Brétigny-sur-Orge.

 

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