Kristian Frédric éclaire Dans la solitude des champs de coton d’un jour nouveau
Le metteur en scène Kristian Frédric projette [...]
Jacques Weber aux mots. Pascal Contet à l’accordéon. Greg Zlap à l’harmonica. Les trois artistes font scène commune dans la grande salle de La Scala Paris. C’est Weber à vif : un exercice de style autour de grands textes de la littérature et du théâtre, accompagné de quelques musiques et d’anecdotes (plus ou moins drôles) échangées avec le public…
Une « saga musicale et poétique de trois grands de la scène ». Tel est le sous-titre de ce Weber à vif présenté à La Scala Paris, numéro de cabaret inégal qui réunit, il est vrai, trois grands interprètes. L’accordéoniste Pascal Contet, artiste à la carrière internationale qui contribue à élargir le champ d’expression d’un instrument souvent enfermé dans les répertoires des musiques populaires et traditionnelles. Greg Zlap qui, des scènes blues et jazz aux concerts de Johnny Hallyday ou de Paul Personne, réinvente depuis 25 ans l’idée que l’on se fait de l’harmonica. Jacques Weber, qui a participé à certaines des créations théâtrales les plus enthousiasmantes de ces dernières années, sous la direction de Peter Stein (La Dernière Bande de Samuel Beckett en 2016, Le Tartuffe de Molière en 2018). Aujourd’hui, c’est dans un projet moins convaincant que l’on retrouve le comédien. Ce dernier s’entoure des deux musiciens pour constituer un récital littéraire donnant à entendre des extraits de textes de diverses époques : Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, Le Pèse-nerf d’Antonin Artaud, une lettre de Frida Kahlo, L’Auteur critique ou un cas de dédoublement de Raymond Devos, À la marquise de Pierre Corneille…
Un dialogue tronqué
Il y a aussi, dans Weber à vif, des passages lors desquels l’acteur livre aux publics des pensées personnelles sur notre époque, des expériences vécues sur scène ou des considérations sur la langue française. Ces confidences, là pour faire rire, ont assez peu d’intérêt. Contrairement aux éclats de musique composés par Pascal Contet et Greg Zlap, moments trop rares pour établir un véritable dialogue avec les œuvres choisies par Jacques Weber. On aurait aimé que mots et notes se parlent, se répondent, s’enrichissent, tissent toutes sortes de liens, preuves d’une réelle complicité. Ici, arts musicaux et littéraires se contentent de se faire face, dans une coexistence polie et hiérarchisée. La matière-reine reste la littérature. Pour notre plus grand plaisir lorsque l’acteur s’empare, sans volonté de cabriole, de fragments du Nuage en pantalon de Vladimir Maïakovski ou du Coupeur d’eau de Marguerite Duras (issu du recueil La Vie matérielle). On retrouve alors le grand comédien qu’est Jacques Weber. En un instant, la puissance de son talent nous emporte. Avant de s’effacer, de nouveau, dans les à-peu-près d’une proposition aux limites contrariantes.
Manuel Piolat Soleymat
Du 8 au 16 mars 2023, puis du 11 au 30 avril. Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h. Tél. : 01 40 03 44 30. Durée de la représentation : 1h15. www.lascala-paris.com
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