Dans la solitude des champs de coton : comme déplacée et éclairée d’un jour nouveau dans la mise en scène de Kristian Frédric
Le metteur en scène Kristian Frédric projette [...]
Après Le Loup et Le Cerf et le Chien, Raphaëlle Saudinos et Véronique Vella adaptent Le Chien, un autre conte du classique de la littérature française enfantine signé par Marcel Aymé. Le spectacle, dans la patte des deux précédents, est absolument jubilatoire.
Concevoir un triptyque n’était pas prémédité quand, il y a quelques saisons déjà, Véronique Vella et Raphaëlle Saudinos, respectivement comédienne pensionnaire et artiste auxiliaire de La Comédie-Française, décidèrent de s’intéresser ensemble à la mise en scène des fameux Contes du Chat Perché. On peut se prendre à rêver d’une programmation qui les mettrait ensemble à l’affiche. Le parcours initié avec Le Loup, poursuivi avec Le Cerf et le Chien, et aujourd’hui augmenté du Chien, permet de suivre le chemin de vie émancipateur, de l’enfance vers l’âge adulte, des célèbres Delphine et Marinette. Sur ce chemin qui est celui de l’apprentissage de l’autonomie et de la liberté, que découvrent les deux héroïnes dans cet opus dont un chien aveugle est la vedette ? La grande réussite de l’adaptation tient d’abord à une exceptionnelle intelligence du texte qui favorise la compréhension des enjeux dans toute leur richesse. Le thème du consentement traverse la pièce, au-delà de l’effet de mode, ancré dans la capacité d’un pouvoir dire « non » qui, seul, autorise un « oui » véritable. La question de la fidélité – jusqu’au sacrifice ? – est également mise en lumière.
Une expressivité réjouissante
Signée par Eric Ruf, actuel administrateur général de La Comédie-Française, la scénographie favorise à souhait l’épanouissement de l’intention dans toutes ses dimensions. Au premier plan, une serre, parfait dedans/dehors, métaphorise le moment de vie de Delphine et Marinette, prêtes à quitter « le nid » non sans avoir encore quelque chose à y apprendre. Quelques éléments du décor se souviennent, à dessein, des précédentes mises en scène des Contes et font le lien. En enrichissant le propos actuel, ils créent aussi de nouvelles perspectives. Quant au jeu, il fait nos délices. L’état d’esprit de la mise en scène, spirituelle, affranchit. Libérés, les acteurs nous ravissent, en développant une panoplie de mimiques et d’attitudes, un vocabulaire scénique d’une expressivité réjouissante. Le « tout public » prend vraiment ici tout son sens. En témoignent les rires policés – et quelque fois sans retenue – de parents pris au jeu comme les rires francs d’enfants dont l’amusement – notamment aux facéties du Chat – entraînent de vraies explosions de joie communicative. Cette réjouissance commune qu’est le spectacle, ponctué d’intermèdes musicaux éclairants, doit également beaucoup aux couplets additionnels, dont la metteuse en scène, Raphaëlle Saudinos, est l’autrice.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
à 18h30. Relâches les lundis et mardis. Tél : 01 44 58 15 15. Durée : 1h. Tout public à partir de 7 ans.
Le metteur en scène Kristian Frédric projette [...]