La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Van Gogh à Londres

Van Gogh à Londres - Critique sortie Théâtre
Photo : Emmanuel Robert Légende photo : Van Gogh (Guillaume Marquet) et Madame Loyer (Josiane Stoléru), des souffrances d’amour au service de l’art.

Publié le 10 octobre 2007

Van Gogh à Londres de Nicolas Wright, porté à la scène par Hélène Vincent, donne vie à toute l’étrangeté du maître hollandais qui s’ignore encore. Avec Guillaume Marquet et Josiane Stoléru.

Certes, la pièce de Wright fleure la biographie romancée, provoquée en 1874 par un silence de six mois dans la correspondance de Vincent avec son cadet Théo durant le séjour du jeune homme à Londres. Marchand d’art de la galerie Goupil, Vincent loge chez Madame Loyer qui dirige avec sa fille Eugénie une classe préparatoire au collège. La pension accueille également Sam, artiste velléitaire et amant d’Eugénie. La mère est une veuve respectable, à l’écoute des talents en herbe comme du dépassement de soi. Vincent l’aurait-il aimée ? Toujours est-il qu’un jeu de quatre coins s’installe avec Sam (Raphaël Personnaz), Eugénie (Amandine Pudlo) et Anna (Laure Roldàn), venue rejoindre son frère Vincent. Ce sont des jeunes gens mis à l’épreuve du désir et de la confusion des sentiments, une brusquerie propre à la jeunesse sur le chemin de la maturité. Guillaume Marquet est une figure emblématique du peintre en chair, en os et en couleur ; sa chevelure est de feu, et son accent hollandais marqué est digne du terroir le plus rugueux. Le jeune locataire est impulsif et maladroit, c’est une âme partagée entre l’appel de la foi calviniste paternelle et l’envie difficile de n’être que soi-même.
 
Une cuisine de bois brut digne des Mangeurs de pommes de terre.
 
Van Gogh ressent l’urgence existentielle de partager avec les autres l’intimité et le monde à travers les lectures de la Bible, de Dickens, de Michelet, dans la contemplation des peintures de Rembrandt et de Millet… Vincent étudie les gravures de bois, les lithos, il discipline son dessin et pratique l’aquarelle avant d’aborder la peinture. En revenant à Londres en 1876 après avoir choisi Paris pour résidence, l’artiste note que le quartier londonien a changé et que les visages de pauvres gens sont devenus beaux. On devine là l’origine de ses études de rue et de son attachement à la représentation de la misère physique et morale du peuple au travail, à l’atelier de tissage ou dans les champs. Pour décor, une cuisine de bois brut, où pourraient se tenir Les Mangeurs de pommes de terre, toile populaire de Van Gogh, avec quelques branches en fleurs dans le vase de la table familiale. Sur le sol, les souliers du marcheur inlassable, semelles de cuir racorni et lacets en désordre. L’art reste un chemin solitaire sous le soleil et sur la terre à travailler, comparable au geste des semailles paysannes. Guillaume Marquet a la sensibilité souhaitée et Josiane Stoléru en muse inspirée impulse les battements de son cœur d’or.
Véronique Hotte


Van Gogh à Londres
De Nicholas Wright, adaptation française, mise en scène d’Hélène Vincent, à partir du 18 septembre 2007, du mardi au samedi 21h, matinée samedi et dimanche 15h30, au Théâtre de L’Atelier 1, place Charles Dullin 75018 Paris Tél : 01 46 06 49 24

A propos de l'événement


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