Boule à neige de Mohamed El Khatib et Patrick Boucheron
Ensemble sur scène, l’homme de théâtre [...]
C’était le 6 octobre, soir de Première sur le plateau de la Salle Jacques-Fornier du Théâtre Dijon Bourgogne. Le comédien Christophe Brault créait Un Monde meilleur, épilogue : une conférence-théâtrale signée Benoît Lambert qui, entre prises de conscience drolatiques et questionnements existentiels, pose les jalons d’une réflexion passionnante sur l’histoire de notre espèce.
Dans son essai Le Mal qui vient*, le philosophe Pierre-Henri Castel établit (tout à fait sérieusement) l’idée d’une fin prochaine et inéluctable, non pas du monde, mais de notre espèce. Happé par la perspective dérangeante de notre extinction, Benoît Lambert a écrit un monologue théâtral qui, partant de cette catastrophe annoncée, nous amène à reconsidérer l’histoire du genre humain et de ses ancêtres. Il nous pose, pour ce faire, un certain nombre de questions, auxquelles il répond lui-même avec beaucoup de malice, en empruntant les chemins de l’ironie et du raisonnement par l’absurde. Ces réflexions brillantes et décalées sur ce que nous sommes, ce que nous avons été, ce à quoi nous sommes destinés, individuellement et collectivement, vient clore le feuilleton dramatique (intitulé Pour ou contre un monde meilleur) que l’actuel directeur du Théâtre Dijon Bourgogne a initié en 1999 avec Prolégomènes à toute entreprise future qui voudra se présenter comme révolutionnaire. Cet épilogue, porté par le formidable Christophe Brault, nous fait remonter l’échelle du temps. Il formule, au passage, quelques-uns de nos impensés et bouscule pas mal de nos certitudes.
Le trou noir de nos origines
Le comédien surgit du lointain. L’être improbable et joyeusement irréaliste auquel il donne corps fait figure de conférencier. Un conférencier insolite : aigu, vivant, cocasse. Drôle mais pas que. Affuté. Biscornu et paradoxal. Finalement, profondément humain. Un clown plus qu’un personnage, à distance des connaissances – et des hypothèses – qu’il soumet à nos esprits. Il nous regarde les yeux dans les yeux. Un sourire aux lèvres. De sa bouche, sortent des éclats de rire en cascades, voire des débuts de sanglots. A l’aide de sept bouteilles d’eau en plastique, qu’il dispose en ligne sur le plateau, ce semblable nous transporte vers le trou noir de nos origines, il y a quelque sept millions d’années, au temps des premiers hominidés. Il nous fait voyager jusqu’à la naissance de l’homme moderne, trois cent mille ans avant notre ère. Ou jusqu’à l’invention de l’écriture, qui mit fin à la préhistoire, il y a six mille ans. Il s’arrête également sur la révolution néolithique, six mille ans avant cela, qui vit nos congénères chasseurs-cueilleurs se sédentariser. C’est là que nos ennuis commencèrent, affirme facétieusement Christophe Brault, qui balaie une fois de plus nos a priori. Toujours de manière rigoureuse et étincelante. Sans nous appeler à une quelconque forme de sursaut. Car, après tout, il n’est pas là pour nous faire la morale. Encore moins pour nous sauver.
Manuel Piolat Soleymat
* Ouvrage publié aux Editions du Cerf, en 2018.
Du mardi au jeudi à 20h, le vendredi à 18h30, le samedi à 17h. Durée de la représentation : 1h20. Tél. : 03 80 30 12 12. www.tdb-cdn.com
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