La Chanson [Reboot] de Tiphaine Raffier
Reprise du premier texte et de la première […]
Avec Némésis, Tiphaine Raffier adapte pour la première fois au théâtre une œuvre romanesque. En s’emparant de cette œuvre ultime de Philip Roth, elle donne forme à la tragédie d’un continent et d’une époque : l’Amérique des années 40.
« Après La Réponse des Hommes, où j’interrogeais la possibilité de faire le bien à travers huit histoires différentes, j’ai eu l’envie de partir en compagnonnage avec un auteur que j’admire depuis longtemps et de déployer avec lui un seul récit, centré sur un personnage. Adapter Némésis, le dernier roman de Philip Roth qui contient tous les autres et leur répond, a été pour moi une grande remise en question de mes pratiques, presque un recommencement. La traduction de ce livre en pièce de théâtre m’a imposé de me plonger dans l’Amérique du XXème siècle dont la figure de Bucky Cantor incarne à mon sens la tragédie. Du fait de sa myopie, ce jeune professeur de gymnastique de la communauté juive de Newark est réformé en 1944 alors qu’il aurait voulu aller combattre en Europe. Dans son école se déclenche alors une épidémie de poliomyélite, qui touche les enfants. Fruit de son temps, comme le sont tous les protagonistes de Philip Roth, ce Bucky Cantor pose la question de la culpabilité, très aiguë aussi aujourd’hui.
Une tragédie du Pourquoi
Némésis est pour moi une tragédie du Pourquoi. C’est une œuvre sur la peur, d’autant plus redoutable qu’elle est invisible. L’adaptation a été un travail très complexe pour cette raison, et parce que le texte est très littéraire, presque classique. De plus tout se passe dans la tête de Bucky, qui n’a pas les mots pour expliquer le scandale au milieu duquel il se trouve. Les sens sont très importants dans ma pièce. L’épidémie remettant en question l’ensemble du visible, notamment en matière d’expressions de la démocratie, l’ouïe acquiert une place centrale. La musique, donc, sera présente en tant que soutien face à la perte de toute certitude et à l’injustice. Le spectacle pose aussi la question de la filiation. Pour la traiter, j’ai le bonheur de rassembler des personnes de 7 à 77 ans, parmi lesquelles mon maître Stuart Seide ».
Propos recueillis par Anaïs Heluin
La Chanson [Reboot] de Tiphaine Raffier
Reprise du premier texte et de la première […]
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le dimanche 26 mars. Tel : 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu