Aurélie Van Den Daele nous redit la grandeur et la puissance de cette fresque humaine, historique, mythologique qu’est Angels in America de Tony Kushner
Aurélie Van Den Daele donne chair, voix et [...]
Il y a 23 ans, en 2000, il créait La Nuit juste avant les forêts, initiant une relation théâtrale intense avec l’écriture de Bernard-Marie Koltès. Aujourd’hui, Kristian Frédric met en scène Dans la solitude des champs de coton avec Xavier Gallais (dans le rôle du Client) et Ivan Morane (dans le rôle du Dealer). Une proposition nourrie par l’univers esthétique d’Enki Bilal (qui signe décors et costumes) et traversée par les chants de Tchéky Karyo.
« La première fois que j’ai entendu l’écriture de Bernard-Marie Koltès, c’est lorsque j’étais assistant de Patrice Chéreau, à la fin des années 1980. J’avais une vingtaine d’années et ce fut un véritable choc pour moi. J’ai été totalement bouleversé par cette langue. C’est une écriture qui m’a depuis toujours accompagné, que j’ai toujours continué à lire, même lorsque j’ai monté des textes d’autres auteurs. Et puis, un jour, j’ai mis en scène La Nuit juste avant les forêts avec Denis Lavant, au Théâtre des Abbesses. Par la suite, je n’ai jamais vraiment cessé de travailler cette langue, notamment à l’occasion de cours donnés en France ou au Canada. Et aujourd’hui, après une première mise en scène de Dans la solitude des champs de coton dont je n’ai pas été satisfait, je reviens à cette pièce qui, pour moi, est un peu comme la suite de La Nuit juste avant les forêts. J’ai demandé à Enki Bilal de m’accompagner sur ce nouveau projet.
Une écriture sacrée
Lorsqu’Enki Bilal et moi-même travaillons ensemble, nous nous amenons l’un l’autre dans des endroits où nous ne serions pas allés seuls. Pour cette mise en scène, nous nous sommes raconté une histoire qui va au-delà du simple réalisme, une histoire qui nous permet de faire résonner la puissance, la particularité de la langue de Koltès. Pour moi, cette langue est sacrée. Elle ouvre sur des horizons qui vont plus loin que l’humain. Ici, elle est investie par Xavier Gallais et Ivan Morane, qui forment un duo étonnant. Quant à l’univers esthétique qu’Enki Bilal et moi-même avons imaginé, il s’inspire de toutes sortes d’influences. Nous voulions que ce face-à-face prenne place au sein d’un univers mental, un peu comme sur les bords du Styx. Ensemble, nous avons beaucoup parlé de Boltanski, de Soulages, de Giacometti, d’Une Saison en enfer de Rimbaud… Lors des répétitions, j’ai également évoqué le travail du photographe Gregory Crewdson. À travers ce spectacle, j’ai eu envie de retrouver les artistes que j’aime, les artistes qui sont importants dans ma vie. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
à 20h. Tél. : 01 45 13 19 19. www.maccreteil.com
Théâtre de la Ville – Espace Cardin, 1 avenue Gabriel, 75008 Paris. Du 14 au 29 mars 2023. Du lundi au samedi à 20h, le samedi 25 mars à 15h. Relâche les dimanches. Durée de la représentation : 1h30. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com
Également les 4 et 5 avril 2023 à la Scène nationale du Sud-Aquitain à Bayonne, le 7 avril au Théâtre de Gascogne à Mont-de-Marsan, du 11 au 13 avril à la Scène nationale de Compiègne, le 20 avril à La Merise à Trappes, les 25 et 26 avril à la Scène nationale de Chalon-sur-Saône, les 2 et 3 mai au Théâtre d’Aurillac, le 6 mai à La Maison des Arts du Léman.
Aurélie Van Den Daele donne chair, voix et [...]