
Tiphaine Raffier adapte au théâtre Némésis de Philip Roth
Avec Némésis, Tiphaine Raffier adapte pour la […]
Reprise du premier texte et de la première mise en scène de Tiphaine Raffier, La Chanson [Reboot] offre des voyages dans le temps et dans l’univers artificiel de Marne-la-Vallée.
C’était il y a onze ans maintenant et Tiphaine Raffier sortait à peine de l’EPSAD, école du Théâtre du Nord à Lille. Le désormais disparu festival Prémices mettait alors à l’honneur la création émergente et cette Chanson, pas encore reboot, promettait un très bel avenir à la metteuse en scène. Un premier texte, une première mise en scène pour celle qui est devenue depuis artiste reconnue, phare d’une nouvelle génération à l’instar de son camarade d’école Julien Gosselin. La réponse des hommes a épaté nombre de spectateurs la saison dernière et le Némésis qui arrive en ce mois de mars à l’Odéon, d’après un roman de Philippe Roth, est très attendu. Avec raison. On pourra donc chercher dans cette reprise des débuts, munie d’une nouvelle distribution, les premiers signes de ce qui est advenu depuis, comme on pourra effectuer un retour aux sources d’une artiste qui n’avait encore ni la reconnaissance ni les moyens de création qu’elle possède aujourd’hui. Mais ce voyage dans le temps offrira également un voyage dans l’espace, direction Marne-la-Vallée. Certes ce n’est pas loin de Paris, mais c’est pourtant un ailleurs. Une ville nouvelle aménagée dans les années 1960 rendue célèbre par son parc d’attractions, qui fut aussi le territoire où Tiphaine Raffier a grandi.
Comment trouver dans ce monde les voies d’une authenticité ?
Personnage principal de ce spectacle, ville parangon d’une civilisation de l’artificiel avec son Eurodisney et ses immeubles kitsch Haussmann et néo-classique, non-lieu d’une sorte de réalité augmentée avant l’âge où, à l’image du parc de loisirs, se mêlent l’artificiel et le réel, l’original et la contrefaçon, où la création se cogne systématiquement à la duplication, Marne-la-Vallée abrite dans cette histoire un trio de jeunes filles qui répète dans une cave pour un concours de sosies d’ABBA (le fameux groupe disco des années 70). L’une des trois filles est toutefois tentée de renoncer à l’entreprise kitchissime pour se lancer toute seule. Une page de la vie se tourne, l’enfance se termine, se trame l’entrée dans la création artistique, la liberté de (se) choisir et de s’inventer hors de l’éternel penchant humain à la répétition du même. Échappera-t-elle à l’aliénation du Val d’Europe, de la consommation qui standardise et reproduit tout ? Elle crée pour cela d’hilarantes chansons sur des objets technologiques – « la cigarette électronique n’est pas un jouet », « le cadre photo-numérique » – qu’un ultime bond dans le futur renvoie toutefois ensuite au statut de témoignage pittoresque du passé. Comment trouver dans ce monde les voies d’une authenticité ? « Les choses les plus anciennes ont été les plus neuves des choses » rappelle le spectacle dans une antienne à double sens. Alternant habilement les registres et les modes de jeu, les longs monologues et les cris silencieux, il fouille également la matière dense de thématiques à tiroirs et donne tout ensemble à penser et à rire. Incontournable.
Eric Demey
Tiphaine Raffier adapte au théâtre Némésis de Philip Roth
Avec Némésis, Tiphaine Raffier adapte pour la […]
horaires variables. Tel : 01 41 60 72 72. Durée : 1h25. Spectacle vu lors du festival Prémices. Nanterre Amandiers hors les murs.
Festival des matières enchantées et des [...]