Concours européen de la chanson philosophique, conception Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre
Un concours de chansons philosophiques qui [...]
Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne… Delphine Salkin crée la version française de la pièce de la dramaturge britannique Abi Morgan qui imagine une habile parabole sur les affres de la tyrannie.
Après les honneurs ou la célébrité, la déchéance peut venir rapidement, et celui qui a atteint les sommets de la gloire et du pouvoir doit toujours avoir en tête le risque de la défaite. Il ne suffit pas de conquérir le pouvoir, encore faut-il savoir le conserver. L’histoire imaginée par Abi Morgan (remarquablement traduite en français par Daniel Loayza) se situe au point d’équilibre entre l’ascension et la chute, alors qu’il est déjà trop tard pour jouir sereinement de la puissance et que tout est déjà perdu de ce que l’on croyait posséder. Micheleine (Christiane Cohendy) est la femme d’un tyran que la révolte vient de renverser. Accessoirisée en Prada et cintrée dans un élégant tailleur, elle fume des cigarettes avec la nonchalance des stars américaines et s’occupe à siroter de la vodka-piment. Elle ignore tout de la catastrophe imminente mais ne tarde pas à en être avertie. Comme tous les crépuscules, celui de Micheleine est splendide et fugace : à peine fait-il encore jour qu’il fait déjà nuit.
Temps suspendu de la crise
Pour saisir ce moment terrible, Abi Morgan le répète. La pièce présente les infinies variations, de plus en plus rapides, du thème initial, celui du début de la fin. Kathryn (Anne Sée), journaliste étrangère, est venue faire le portrait du dictateur. Micheleine choisit de remplacer son mari. « Dites-lui que je veux qu’elle prenne des photos de moi avant et après leur passage », dit-elle, avec la morgue et le culot de celle qui se sait condamnée par les insurgés qui ne vont pas tarder à l’exécuter à son tour. On pense évidemment à Elena Ceaușescu, impeccable et hautaine au temps de sa gloire, défaite dans la mort, ainsi qu’à tous les dictateurs que leur destitution changea en pantin désarticulé ou en marionnette exsangue. Roxanne Roux et Laurence Roy complètent la distribution et les quatre comédiennes servent avec générosité cette pièce énigmatique et complexe qui semble arrêter le temps et cristalliser la crise. On devine que le désordre va bientôt ravager la belle harmonie du décor réalisé avec talent par l’atelier du Théâtre-Sénart, qui prouve une fois encore l’audace de sa programmation et des risques artistiques qu’il sait prendre en choisissant de soutenir la création originale et la dramaturgie contemporaine.
Catherine Robert
Mardi et vendredi à 20h30 ; mercredi et jeudi à 19h30 ; samedi à 18h. Tél. : 01 60 34 53 60. Puis du 28 au 31 janvier au Théâtre 71, scène nationale de Malakoff ; du 4 au 8 février à la MC2 de Grenoble ; le 20 février à la MA, scène nationale du Pays de Montbéliard. Tournée jusqu’à fin mars. Durée : 1h45.
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