La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

J’ai rêvé la révolution de Catherine Anne, mise en scène de Catherine Anne et Françoise Fouquet

J’ai rêvé la révolution de Catherine Anne, mise en scène de Catherine Anne et Françoise Fouquet - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l'Epée de bois
© Bellamy J’ai rêvé la révolution

de Catherine Anne / mes Catherine Anne et Françoise Fouquet

Publié le 22 janvier 2020 - N° 284

L’auteure, comédienne et metteure en scène Catherine Anne s’inspire de la vie et des écrits d’Olympe de Gouges pour parler d’enfermement, de justice, de liberté, d’universalisme… Une parole forte et belle.

L’écriture est aiguë. Syncopée. Tranchante et anguleuse. Elle donne à la fois le sentiment de la maigreur et de la consistance, puise autant dans les choses du quotidien que dans une forme de poésie concrète et précise, très exigeante. Rien ne paraît jamais superflu dans cette pièce composée de vers libres (publiée chez Actes Sud – Papiers) qui réinvente les derniers jours d’Olympe de Gouges. Guillotinée en 1793 pour avoir dénoncé l’instauration d’une dictature révolutionnaire, cette figure du féminisme et de l’abolitionnisme – auteure d’une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne – passa les derniers mois de son existence en captivité. Mais ne nous trompons pas, J’ai rêvé la révolution n’est pas un spectacle historique. Le texte écrit, mis en scène (en collaboration avec Françoise Fouquet) et interprété par Catherine Anne (aux côtés de Luce Mouchel, Morgane Real et Pol Tronco) ne nomme pas ses personnages, ne les restreint pas aux limites d’une époque ou d’une autre. La Prisonnière qui nous est présentée est une femme d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Une façon d’aller toujours à l’essentiel

Son destin se joue devant nos yeux. En quelques jours et nuits. Le temps de dénoncer les égarements d’une société sexiste. De replacer l’écriture et la pensée au centre de l’idéal démocratique. De réinterroger les fondements humanistes du soulèvement révolutionnaire. D’éclairer les notions d’égalité, de liberté, de justice, d’enfermement… Tout se dit et s’incarne dans l’exiguïté dépouillée d’espaces intimistes. Une cellule de prison. Une cuisine. Un endroit retiré, au coin d’une rue. Des espaces au sein desquels les esprits et les idées se confrontent, se heurtent, s’exposent. Sans jamais tomber dans l’explicatif ou le bavardage. Ce qui frappe d’emblée, ici, c’est une façon d’aller toujours à l’essentiel. De s’en tenir à l’exigence de la matière humaine et philosophique que l’on explore. Dans le rôle de la Prisonnière, face à une Luce Mouchel tout en sensibilité, Catherine Anne est étonnante de droiture et de netteté. Elle sculpte sa propre langue de manière radicale.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

J’ai rêvé la révolution de Catherine Anne, mise en scène de Catherine Anne et Françoise Fouquet
du jeudi 27 février 2020 au samedi 8 février 2020
Théâtre de l'Epée de bois
Cartoucherie, Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris

jeudi et vendredi à 20h30, samedi à 17h et 20h30, dimanche à 17h. Tél : 01 48 08 39 74.

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