Mémento, un projet protéiforme et modulable de la Compagnie Diverrès
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Chorégraphe majeur du XXe siècle, Mats Ek revient à l’Opéra de Paris avec trois ballets mythiques dont un Boléro sur la partition de Maurice Ravel.
En 2016, Mats Ek avait décidé de mettre un coup d’arrêt à sa carrière. Non seulement il arrêtait de chorégraphier, mais il retirait tous ses ballets à l’affiche. Ce programme, créé en 2019 pour l’Opéra de Paris, signe le retour sur scène de cet immense chorégraphe suédois. Avec l’entrée au répertoire de Carmen, chef-d’œuvre créé en 1992, et deux créations, Another Place et Boléro, la soirée propose une plongée dans l’univers de Mats Ek et sa gestuelle théâtrale, sculpturale et triviale. La Carmen de Mats Ek est un condensé intense de l’Opéra de Bizet, réglé sur la suite entraînante de Rodion Chtchedrine. Le ballet interroge l’oppression de la femme sous ses multiples formes, sociale, politique, sexuelle, et affirme la folle liberté de son héroïne.
Des rituels au quotidien
Les pas de deux de Mats Ek sont souvent des créations individuelles pour deux danseurs. Il faut dire qu’il choisit le plus souvent des « monstres sacrés » pour les interpréter, à commencer par son épouse, Ana Laguna, mais aussi Mikhaïl Barychnikov ou Sylvie Guillem. Ce sont des éloges de l’amour ou des « scènes de la vie conjugale » ordinaires et prosaïques qui réunissent, de part et d’autre d’une table, une femme et un homme. Another Place (dansé à la création par Aurélie Dupont et Stéphane Bullion, qui fera ses Adieux officiels le 4 juin, aux côtés de Ludmila Pagliero) ne déroge pas à la règle et déploie les élans, les affrontements, et les tiraillements du couple sur la Sonate en si mineur de Franz Liszt. Le Boléro de Mats Ek évite toute allusion aux origines espagnoles de cette danse et se mesure au défi posé par la partition en rendant « lisible » sa fabrication. D’un côté, une chorégraphie de groupe espiègle, terrienne, figurant des individus qui travaillent, se battent, tombent, aiment, avec une montée paroxystique incarne la mélodie. De l’autre, un vieil homme qui remplit inlassablement une baignoire à l’aide de seaux. Celui-ci, qui n’est autre que Niklas Ek, frère du chorégraphe (ou Yvan Auzely son interprète fétiche), tout en personnifiant le rythme, distille l’impression du temps qui passe.
Agnès Izrine
Les 7,9,11, 12, 16, 17, 21, 24, 25, 26, 27, 28 mai, 1er, 2, 3, 4 juin à 19h30, dim. 15 mai et 5 juin à 14h30. Tél. : 08 92 89 90 90. Durée : 2h10.
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