Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis, édition 2022

Avec pour principal moteur le décloisonnement, l’abolition de toute frontière, cette nouvelle édition des Rencontres Chorégraphiques de Seine-Saint-Denis, les premières sous la direction de Frédérique Latu, promettent une fois encore de précieuses découvertes. Riches de 35 équipes artistiques invitées en collaboration avec 18 lieux partenaires, de 50 représentations dont 10 premières, elles se prolongeront jusqu’au début du mois de juillet grâce aux Extensions, un programme de formes tout terrain initié la saison dernière. Lors du week-end d’ouverture au Nouveau Théâtre de Montreuil, les flamands de Cabinet K réuniront comme à leur habitude pour Promise me une distribution mixte d’enfants et d’adultes, Hortense Belhôte revisitera avec Performeureuses l’histoire de la danse et la place des femmes, Olga Dukhovnaya présentera pour la première fois Swan Lake Solo, sa relecture résolument moderne du ballet iconique. Lorsque l’on sait que les festivités se clôtureront à la MC93 avec trois pièces, dont Red Notes, du regretté Andy de Groat, l’on se dit que Frédérique Latu et ses équipes maîtrisent l’art de construire des ponts entre les générations, de lier passé, présent et futur.

Une hybridation des disciplines

Dans l’intervalle ce sont aussi les disciplines artistiques qu’il s’agit de décloisonner. En témoignent notamment Clédat & Petitpierre qui marieront avec le talent qui les caractérise arts plastiques et chorégraphie dans leur nouvelle création Poufs aux sentiments. Le duo y revisite tout à la fois la danse baroque, les perruques monumentales de Marie-Antoinette, les jardins à la française et la carte de Tendre. Pour sa première pièce de groupe, Mercedes Dassy hybridera contemporain, hip-hop et performance pour un rituel libérateur intitulé Ruuptuur. Katerina Andreou, enfin, déploiera dans sa nouvelle pièce chorégraphique et sonore Mourn Baby Mourn un cérémonial de lamentation « comme un moteur d’expérimentation, de découverte et d’espoir ». Avec une statue pour partenaire, elle mêlera pratiques physiques et danses anciennes ou contemporaines, avec le désir « de transmettre la tristesse que les possibles perdus ont laissée derrière eux ».

Delphine Baffour