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Avignon / 2015 - Entretien Jean-Luc Piraux
La mort ? Il dit préférer en rire pour ne pas avoir à en crever. Au Théâtre des Doms, le comédien belge Jean-Luc Piraux crée un seul-en-scène aigre-doux sur la fin de vie. Une injonction à vivre : « grave et hédoniste », « tragique et drôle ».
Comment est née cette idée de spectacle ?
Jean-Luc Piraux : Il y a peu, j’ai côtoyé de près des personnes malades ou en fin de vie. En les accompagnant, la question de l’acharnement thérapeutique s’est très vite posée, comme celle des démarches pour le non acharnement, ou celle du don d’organes. Cette période très riche et fertile en amitiés était douloureuse, mais joyeuse. L’amour y florissait. Comme l’a dit un ami : nous avions l’humour pour pudeur. Et ce qui m’a frappé, c’est que nos enfants, avec qui nous voulions partager cela, ou d’autres personnes moins proches, n’avaient pas envie qu’on en parle. Je me suis donc demandé pourquoi et surtout comment en parler. J’ai choisi la tragédie-comédie.
Comment avez-vous travaillé ?
J-L. P. : Comme je ne voulais pas raconter « de bêtises », ma femme et moi avons fait de l’immersion, en maisons de retraite, dans des services de soins palliatifs. Nous avons rencontré des médecins donnant la mort, des patients, les avons écoutés… De toutes ces expériences, j’ai fait ressortir de l’humain et de la poésie. Beaucoup de poésie.
Qui est donc ce personnage qui prend la parole sur scène ?
J-L. P. : Je suis parti de moi, de mes propres angoisses, puis je les ai accentuées. C’est ainsi qu’est né ce monsieur Tout-le-Monde de 55 ans aux prises avec les peurs que suscitent en lui le vieillissement et l’idée de la mort.
Finalement, que souhaitez-vous pointer du doigt à travers cette création ?
J-L. P. : Les nécessités qui surgissent lorsqu’on a à faire face à la disparition : celle d’aimer, celle de « régler ses affaires » avant le départ, celle du besoin « d’en parler »… Celle de choisir de partir, aussi. Six Pieds sur terre raconte la colère de ce personnage, sa non-acceptation. Et puis la peur qui le fait spéculer sur l’avenir avec, à l’appui, les statistiques dont on nous bassine les oreilles au quotidien.
Six Pieds sur terre repose également sur le grotesque…
J-L. P. : Oui. En grossissant le trait et l’angoisse, une série d’accidents rocambolesques et absurdes voient le jour. Des accidents rageusement absurdes, rigoureusement absurdes. Plus absurdes les uns que les autres… !
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Avignon Off.
à 18h. Relâches les 15 et 22 juillet. Tél. : 04 90 14 07 99.
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