La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Il faut beaucoup aimer les hommes

Il faut beaucoup aimer les hommes - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre ouvert
Maëlys Ricordeau et Cyril Gueï dans Il faut beaucoup aimer les hommes. Crédit : Christophe Raynaud de Lage

Théâtre Ouvert / d’après Marie Darrieussecq / mes Céleste Germe

Publié le 27 septembre 2016 - N° 247

Le collectif Das Plateau porte à la scène le roman de Marie Darrieussecq Il faut beaucoup aimer les hommes. Une proposition libre, sensible, entre troubles de l’intime et réflexions sur l’altérité.

« Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. » Tiré d’une citation extraite de La Vie Matérielle, de Marguerite Duras, le titre du roman* de Marie Darrieussecq que le collectif Das Plateau adapte à la scène à Théâtre Ouvert est une parfaite mise en miroir de la passion magnétique, brûlante et déséquilibrée, qui unit Solange, une comédienne française vivant à Los Angeles, à Kouhouesso, un comédien canadien d’origine camerounaise faisant une carrière de seconde rôle à Hollywood. Captivée dès le premier regard, la jeune femme s’engage dans une liaison au tracé tortueux : entre fusion des corps et périodes d’absence, complicités et désillusions. Littéralement obnubilé par ce qu’il espère être son grand œuvre (un projet monumental d’adaptation cinématographique d’Au cœur des ténèbres, de Joseph Conrad), Kouhouesso va et vient dans la vie de la jeune femme, finissant par lui échapper pour aller tourner son film en Afrique, en pleine forêt camerounaise.

Un voyage en terre d’altérité

D’Afrique, il est beaucoup question dans la création libre et singulière que signe le collectif Das Plateau (Céleste Germe pour la mise en scène, Jacques Albert pour le texte additionnel et le scénario, Jacob Stambach pour la composition musicale et le travail sonore, Maëlys Ricordeau – aux côtés de Cyril Gueï – pour l’interprétation). Autant que d’amour, de géopolitique, de réflexions sur l’histoire, sur la différence… Déployant un univers théâtral qui donne à la fois une impression de recherche et d’artisanat, les jeunes créateurs confèrent des teintes très sensibles aux troubles intimes et aux perspectives politiques qu’engage cette histoire. Tout cela passe par un rapport flottant au temps de la représentation. Des silences traversent le spectacle. Des échappées musicales. Toutes sortes de décalages et d’évidences. Une longue incursion en caméra subjective nous transporte sur les routes du Cameroun. Il faut beaucoup aimer les hommes révèle, aussi, la présence profonde, touchante, de Cyril Gueï et Maëlys Ricordeau. Ensemble, ils donnent corps à toutes les pulsations que met en jeu ce voyage en terre d’altérité.

Manuel Piolat Soleymat

* Publié aux Editions P.O.L.

A propos de l'événement

Il faut beaucoup aimer les hommes
du jeudi 15 septembre 2016 au samedi 8 octobre 2016
Théâtre ouvert
4 Cité Véron, 75018 Paris, France

Les mardis et mercredis à 19h, les jeudis, vendredis et samedis à 20h. Le 2 octobre à 16h. Durée du spectacle : 2h20. Tél. : 01 42 55 55 50.

Egalement Le 18 novembre 2016 au Pôle culturel d’Alfortville, le 26 novembre à La Ferme du Buisson, du 6 au 14 décembre à la Comédie de Reims, du 4 au 7 janvier 2017 au Centre dramatique national d’Orléans – Loiret – Centre, le 13 avril à Espaces pluriels à Pau, le 25 avril au Festival Terres de Paroles.

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