« Vieilles » de Candice Gatticchi, un spectacle sur les invisibles que leur âge et leur genre condamnent au silence et à la réclusion
Candice Gatticchi fait parler les invisibles [...]
Avignon / 2024 - Entretien / Malicho Vacha Valenzuela
Lors du confinement, le jeune artiste chilien Malicho Vacha Valenzuela s’est lancé dans des recherches sur sa ville, Santiago du Chili, via le numérique. En est née une performance hybride et pleine de tendresse.
Ce travail est-il issu du confinement ?
Malicho Vacha Valenzuela : Pendant le confinement, j’ai ressenti le besoin de rechercher une possibilité d’accéder à ces lieux où il n’était plus possible d’aller. Je me suis demandé s’il était possible, dans la précarité la plus totale – sans fonds, sans financement, sans infrastructure, sans autre soutien que mon ordinateur et mon enfermement – de raconter quelque chose qui puisse émouvoir et me relier à l’autre à travers l’écran. Au départ, ce travail n’avait pas pour objectif d’être monté.
Qu’êtes-vous parti explorer via Internet ?
M.V.V. : J’ai exploré l’endroit où je suis né et où mes ancêtres sont nés, la ville de Santiago du Chili. J’ai enquêté sur la mémoire de mon pays, de ma ville et de mes grands-parents. Au cours des 20 dernières années, le Chili a connu plusieurs révolutions, toutes inachevées. Nous changeons et les lieux où nous revenons aussi, encore plus en Amérique latine où tout semble sur le point de s’embraser. La ville se transforme et mes grands-parents vieillissent. Dans ces conditions, je me suis demandé s’il restait quelque chose d’eux ici.
Faut-il connaître le Chili et Santiago pour découvrir ce travail ?
M.V.V. : Non. Le spectacle a un format immersif, guidé par ma voix et mes fichiers informatiques. C’est moi qui ouvre et ferme tout, je suis le guide de l’exposition, le narrateur qui se connecte à la mémoire et au passé. Il y a des spectateurs dans le théâtre qui me regardent jouer la pièce, tandis que d’autres spectateurs, quelque part dans le monde, regardent la performance par zoom. Le travail est en constante évolution, parce que le temps avance et les scénarios politiques aussi.
Est-ce aussi une expérience relationnelle ?
M.V.V. : Je me connecte beaucoup avec le public, nous chantons ensemble, je leur pose des questions, je cherche des réponses : nous sommes tous ici, dans le présent, et cette histoire minimale, fragile, ne cherche pas le spectaculaire, mais plutôt à réfléchir sur la tendresse, sur une révolution. Il s’agit d’une réflexion sur la technologie numérique et sur la manière dont nous voulons nous souvenir, dont nous voulons capturer, penser et archiver le présent, mais aussi d’une expérience de la précarité. Est-il possible, sans autres ressources que votre voix et vos souvenirs, de créer quelque chose qui émeut et relie ? Pouvons-nous imaginer que la lumière de l’écran soit un feu de joie autour duquel nous nous rassemblerions pour raconter une histoire ? Cette pièce est une invitation à repenser les liens, à trouver les voies d’une révolution de la tendresse.
Propos recueillis par Eric Demey
à 11h et 18h, le 21 à 11h uniquement. Tel : 04 90 14 14 14. Durée : 55mn.
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