« Ouverture » de Géraldine Chollet, une « pièce pour danseur.euses et public cheminant »
Voici une « pièce pour danseur.euses et [...]
Avignon / 2024 - Entretien / Sarah Pèpe
Sarah Pèpe imagine l’histoire de trois émancipations par la parole en interrogeant ce qui autorise, retient et donne la permission de dire. Une ode à la libération, la sororité et la solidarité.
« Tout a commencé dans la rue, en croisant des gens que j’entendais discuter de ce qu’ils n’avaient pas su, pu ou osé dire à d’autres. Que s’autorise-t-on à dire et à qui ? La question est d’importance, au niveau individuel, mais aussi au niveau politique, car elle est au fondement de la démocratie. J’ai alors imaginé trois personnages féminins : Celle qui dit, Celle qui dit après, Celle qui ne dit pas. J’ai voulu les faire évoluer dans un univers professionnel aliénant, qui ressemble à celui des plateformes de vente où les corps sont contraints et surveillés, obligés à une cadence qui les déshumanise. Ces trois femmes racontent comment elles se sont construites dans leur rapport à la parole. Un jour, Celle qui ne dit pas dit son fait à l’instance dirigeante. On ne sait pas ce qu’elle dit, mais cet événement interroge chacune dans son dire, et finit par entraîner un pouvoir d’agir collectif.
Détruire le patriarco-capitalisme
Ce qui m’intéresse, c’est comment une parole qu’on ne croyait pas envisageable crée des lézardes et des fissures lorsqu’elle surgit. Je voulais imaginer dans la fiction ce possible qui se déploie, nous entraîne à créer du collectif de résistance. Sur scène, trois chaises évoquent l’outil de travail et le lieu du repos. L’instance dirigeante ne sera jamais visible. Des gestes chorégraphiés montrent la mécanisation progressive des corps. Les codes vestimentaires sont à la fois collectifs et individuels : la même blouse de travail pour les trois, mais des couleurs différentes. L’émancipation passe par l’abandon de ces blouses. Je continue à croire à la révolte collective et aux alliances sororales : les femmes ont à renforcer leur union pour détruire le patriarco-capitalisme mortifère dont les valeurs de hiérarchisation, de domination et d’exploitation génèrent de la violence, broient les individus et nous conduisent droit vers la disparition. »
Propos recueillis par Catherine Robert
à 14h05 ; relâche le lundi. Tél. : 04 90 33 89 89. Durée : 55 min.
Voici une « pièce pour danseur.euses et [...]
Ivresse des mots, des saveurs et des sons : [...]
Les membres du collectif VdP, mis en scène [...]