La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2014 - Entretien Fabrice Melquiot

Quand j’étais Charles

Quand j’étais Charles - Critique sortie Avignon / 2014 Avignon Théâtre Girasole
Crédit photo : DR Légende photo : Fabrice Melquiot met en scène Quand j’étais Charles.

Théâtre GiraSole / texte et mes Fabrice Melquiot

Publié le 23 juin 2014 - N° 222

Vincent Garanger, codirecteur avec Pauline Sales du Préau de Vire, interprète Charles, dont Fabrice Melquiot a écrit et met en scène la parole en feu d’un homme qui aime au-delà des mots.

« Ce monologue est à la fois le parcours d’un personnage et le portrait d’une région. « 

Comment le monologue de Charles est-il né ?

Fabrice Melquiot : Nous avons répété dans un tout petit village à côté de Domfront : le spectacle est donc né dans les villages du bocage normand. Mais ce texte est aussi une déclaration d’amour au Morvan. Ce monologue est à la fois le parcours d’un personnage et le portrait d’une région. Ce portrait de Charles et de ses paysages est en fait inspiré par un garçon que j’ai entendu, dans un bar du Morvan, au milieu d’une assemblée mélangée, réunie autour des chansons populaires, chanter en dépassant la pudeur dans une énergie enfantine assez incroyable : Charles et venu de lui et de ces lieux dont la poésie me touche. Ce texte vient aussi d’Eloge de l’amour, dans lequel Badiou pointe que le théâtre s’intéresse assez peu aux amours qui durent. J’ai voulu m’intéresser à ça : qu’est-ce qu’un homme qui s’entête à aimer, et à continuer à être dans la construction amoureuse ?

Qui est Charles ?

F. M. : Charles travaille comme technico-commercial en machines agricoles. Il a pour habitude de se rendre dans un club de karaoké, où il peut s’abandonner à son idole, Charles Aznavour, dans les chansons duquel on retrouve cet entêtement à aimer. Charles s’adresse à Maryse, sa femme. Elle a des histoires avec d’autres, et pour elle, quelque chose est en train de s’arrêter. Ça ne le gêne pas, mais il veut comprendre pourquoi. Il se bat pour que la relation avec Maryse continue envers et contre tout.

Pourquoi la chanson ?

F. M. : J’aime sa manière de se dresser comme une verticalité dans l’horizontalité de la fable. Le rapport qu’on entretient avec la chanson et la manière dont elle se donne comme une antériorité au récit est aussi un sujet du monologue. Avant le mythe, il y a l’homme qui chante : c’est encore le loup qui hurle. La fête chantée nous ramène aussi à notre animal. On n’échappe pas au paysage dans lequel on a découvert la littérature, où on a appris à lire des livres autant que des paysages. Pour moi, l’ancrage est en Savoie. Tout un cycle de mes pièces s’intéresse à l’identité de mon pays, de cette campagne, de ces petites villes de province où Paris est toujours un peu fantasmé. Un endroit qu’on ignore assez volontiers sur les plateaux de théâtre. Un endroit au contact d’un dialogue avec l’animal. Il faut entendre le paradoxal silence de la campagne, et la vie avec les bêtes à proximité ; je pense que le rapport à la chanson n’est pas étranger à ça : cette possibilité de chanter est quelque chose qu’on partage avec les bêtes.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Quand j’étais Charles
du samedi 5 juillet 2014 au dimanche 27 juillet 2014
Théâtre Girasole
24 Rue Guillaume Puy, 84000 Avignon, France

Avignon Off. Théâtre Girasole, 24bis rue Guillaume-Puy. Du 5 au 27 juillet à 17h10, relâche le 16. Tél. : 04 90 82 74 42.

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