Le Jour où ma mère a rencontré John Wayne et Un jour j’irai à Vancouver
Rachid Bouali présente les deux derniers [...]
Frédéric Ferrer brosse une fresque intime des « paysages paranoïaques » dans un ambitieux spectacle qui télescope les histoires, les temps et les genres.
« Je suis la souffrance faite chair », dit Ernst Wagner. »
De nombreuses interprétations sont des illusions de la mémoire, c’est-à-dire représentent des objectivations illusoires, dans le passé, d’images où s’expriment soit la conviction délirante, soit les complexes affectifs qui motivent le délire », notait Jacques Lacan dans sa thèse de doctorat, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité. A partir de ces travaux, Frédéric Ferrer entreprend de suivre le processus de la construction délirante, qui amène le sujet à tricoter des liens entre des faits, des souvenirs, des personnes, à nouer ces relations si étroitement qu’elles finissent par former le tissu de la réalité, et les rets d’une atroce souffrance. Il pénètre dans l’intimité des antichambres de la conscience et tresse lui aussi divers éléments : la biographie et les écrits d’Ernst Wagner, les études de Robert Gaupp, La Walkyriede Richard Wagner, quelques réflexions du mégalomane Louis II de Bavière, protecteur du compositeur, les violentes fureurs d’Aimée, patiente de Lacan, ou encore le quotidien de l’hôpital… Loin d’un exposé savant, Pour Wagner fonctionne par associations d’idées et percussions d’images, au risque parfois de l’hermétisme. Dans l’espace immense des anciennes cuisines, structuré par deux cages de verre avec, d’un côté, le patient observé, dévoré par l’écriture, et de l’autre, les blouses blanches, tout aussi névrosées, œuvre un maître de cérémonie satanique, figure fantasmatique qui excite les pulsions et cingle les plaies, qui télescope les histoires et parasite les mémoires. Au fil de ces « délires » menés par une troupe alerte de treize comédiens, se trame une passionnante réflexion sur la création artistique, le dérèglement du sujet et la construction de la personnalité.
Gwénola David
Pour Wagner, texte et mise en scène de Frédéric Ferrer, du 04 au 23 février 2008, du lundi au jeudi à 20h30, le samedi à 17 heures, relâche les 7, 14 et 19 février, dans les Anciennes Cuisines de l’EPS de Ville-Evrard, 202 avenue Jean Jaurès, 93330 Neuilly-sur-Marne. Rens. 01 43 09 35 58 et http://verticaldetour.site.voila.fr/. Durée : 1h30.
Rachid Bouali présente les deux derniers [...]