« Lettres à Anne » : Céline Roux orchestre delicatement la correspondance de François Mitterrand et d’ Anne Pingeot
Dans Lettres à Anne, mis en scène par Alice [...]
Forever (Immersion dans Café Müller de Pina Bausch) porte à merveille son titre. À savoir, vous ne « verrez » pas Café Müller, vous serez plongé dedans !
À la FabricA, entièrement débarrassée de ses gradins, il ne reste que le sol, flanqué de quelques praticables pour s’asseoir, et les spectateurs sont au ras des danseurs. Ceux-ci, encore en tenue de travail, esquissent quelques gestes comme de vagues réminiscences. Une « Pina Bausch » en sudisette nous raconte qu’« au début, il n’y avait pas de chaises » dans Café Müller, « mais ça n’a pas marché, alors on essaie encore… et encore, et d’un coup !… » En revenant aux origines de cette pièce de Pina Bausch (1940-2009), d’autant plus iconique qu’elle en a tenu le rôle principal jusqu’en 2008, et n’a jamais voulu le transmettre de son vivant à qui que ce soit, Boris Charmatz, nouveau directeur du Tanztheater Wuppertal, a réussi un coup de maître : raviver ce répertoire en train de se flétrir. C’est d’autant plus vrai pour cette œuvre, car vouloir imiter Pina est un pari perdu d’avance, et la remonter à l’identique avec les anciens de la compagnie frise la caricature. Mais ici, rien de tel. Le dispositif tel qu’il est pensé, comme un cinéma permanent où les interprètes dansent Café Müller (1978) pendant sept heures, en changeant de distribution toutes les 45 minutes, avec des intermèdes où les anciens livrent quelques souvenirs, où l’on entend un texte magnifique d’Hervé Guibert sur Pina Bausch, est une belle surprise.
Une émotion perpétuelle
En « éclatant » la chorégraphie initiale dans un nouvel espace, où seuls les tables et les chaises sont finalement amenés par les danseurs, en la répartissant entre interprètes nouveaux et anciens, Café Müller redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : le laboratoire d’une nouvelle danse, où vient s’inscrire dans les corps une chorégraphie à fleur de peau. La fluidité des mouvements évoque le vent plutôt qu’une douleur indicible, les portés sont d’une tendresse infinie. Et si Café Müller nous parle de désirs et d’échecs, la pièce porte en elle toutes les subtilités de l’amour et de l’attirance, des premiers émois aux blessures oubliées. Voir ces duos répétés comme autant d’îlots de danse isolés est une trouvaille, comme de voir plusieurs personnalités d’hier et d’aujourd’hui se succéder dans ces rôles pourtant si emblématiques, dans une pièce si « sacrée », comme le dit l’une des plus anciennes interprètes Nazareth Panadero, qu’elle avait « déjà l’impression d’entrer dans un temple ». Dans la deuxième séquence, ils réendossent les costumes d’origine, la longue nuisette de Pina, la robe en satin rose, la verte avec la perruque rousse… Et l’on redécouvre encore ces longues étreintes, ces bras qui fouillent l’air, ces corps qui se cognent, aveugles à l’amour, qui se poussent et se repoussent, s’agitent et se cherchent, ces corps intranquilles qui se ploient et se fracassent, ou se caressent avec une tendresse ineffable, comme ce duo d’hommes que nous n’avions jamais repéré, d’une beauté à couper le souffle.
Agnès Izrine
à 13h, 15h, 16h45, 18h, relâche les 16 et 19 juillet. Tél : 04 90 14 14 14. Durée 2h environ.
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