« La disparition de Josef Mengele » ou l’interrogation d’ Olivier Guez sur ce qu’il est advenu de ce médecin monstrueux
Qu’est-il advenu de Josef Mengele, l’un des [...]
Dans La Joie, Olivier Ruidavet incarne, avec une présence à fleur de verbe, le destin de Solaro, héros d’un roman de Charles Pépin conçu comme une variation sur L’Etranger de Camus.
Charles Pépin est philosophe, il officie régulièrement sur les ondes. Il est l’auteur de trois romans, dont le dernier, La Joie, revisite L’Etranger de Camus, dans la même veine de fiction à thèse. La parenté de structures entre les deux œuvres est frappante. Comme Meursault, Solaro vient d’enterrer sa mère. Comme Meursault, il tue un Arabe à la suite d’une rixe, et tire, inexplicablement, aveuglé par la chaleur et le soleil, plusieurs balles à bout portant. Et comme chez Camus, on assiste au jugement et à la condamnation aux assises. Certes, l’issue fatale diffère un peu, époque oblige où la peine capitale a été désormais abolie – Solaro est rattrapé en voulant fuir de l’asile où, après l’incarcération, on l’a enfermé : il a battu à mort un médecin tortionnaire, représentant d’une norme par rapport à laquelle sa joie d’être au présent déroute les schémas mentaux préétablis de la société. Mais le dépouillement syntaxique est le même.
Un seul en scène brillant d’intelligence morale
Sur fond d’une scénographie épurée à l’extrême qui ne laisse que la présence du comédien, Olivier Ruidavet fait rayonner, avec une vélocité qui ne cède jamais à la précipitation, l’agilité parfois passablement systémique de cette prose au plus près des sensations immédiates. Au-delà de ce qui peut s’apparenter à un exercice de style, le seul en scène laisse entrevoir, toujours avec brio et souvent avec sensibilité, les apories des assujettissements morbides du social. Celui qui s’en affranchit ne peut que passer pour un monstre – les sophismes du procureur qui confond l’ataraxie de l’accusé et son indifférence morale vis-à-vis d’Angelo, le Corse ex-skinhead, avec un sang-froid raciste. Cette même liberté face à la souffrance le classera dans la catégorie des déviants. En un peu plus d’une heure, la démonstration est brillante, administrée avec un sens du rythme impeccable, et laisse, par-delà les dangers auxquels elle expose, décrits dans le récit, l’azur d’une sérénité, une intelligence morale prête à applaudir.
Gilles Charlassier
à 13 heures, relâche les 9 et 16 juillet. Tél : 04 90 03 01 90. Durée : 1h10.
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