La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Paul Golub

Paul Golub - Critique sortie Théâtre
Paul Golub

Publié le 10 janvier 2008

Raconter pour ne pas mourir

Mohamed Kacimi confronte la trame narrative de l’actuelle guerre en Irak et celle des Mille et une Nuits : en émerge le combat entre la force du verbe et la violence, que Paul Golub met en scène.

« L’an dernier, j’ai fait un spectacle en appartement autour des Mille et une Nuits et j’ai voulu donner une suite à cette aventure. Je me suis aperçu qu’on pouvait interroger le présent à travers des textes anciens : de là est née cette rencontre entre Les mille et une Nuits et l’actuelle guerre en Irak. Il ne s’agit pas de créer un spectacle didactique mais de partir de la position émouvante de Scharazade qui résiste par l’intelligence de son art à la dictature du roi Scharayar. Il s’agit aussi d’interroger le regard que nous portons sur l’Orient, lieu de fantasmes sur la sensualité et le pouvoir. Mohamed Kacimi, que j’ai choisi d’abord parce qu’il est un très bon écrivain, est quelqu’un qui est plongé dans l’interrogation du monde qui nous entoure et quelqu’un qui a une vision très large et très historique de cette région et de ses textes fondateurs. De notre rencontre est né un dialogue qui questionne plus qu’il n’apporte de réponses, et qui interroge la violence et la question de la parole comme l’ont fait les tragiques grecs. De même que Scharazade parle pour survivre, il s’agit de comprendre comment on peut raconter pour ne pas mourir : c’est là le thème moteur de cette pièce. »

Interroger le présent en ses racines
 
« L’Irak renvoie à des éléments essentiels de notre culture : Babylone, Sumer, le jardin d’Eden, la première écriture connue… Et en même temps que cette terre est enracinée dans ce qu’il y a de plus profond dans notre histoire commune, elle renvoie à des problèmes très contemporains. Ce spectacle est né de l’idée de transposer les personnages des Mille et une Nuits dans le Bagdad d’aujourd’hui, afin de réécrire le texte avec le réel de la guerre. On est en train de voir disparaître quelque chose dans ce pays : la guerre efface toujours quelque chose de la beauté, à l’image par exemple du pillage des sites archéologiques en Irak. Il faut essayer d’interroger notre regard sur la réalité et tâcher de comprendre pourquoi ce lieu est l’enjeu de tant de conflits. J’ai voulu un spectacle très simple dans sa forme : six comédiens, quelques marionnettes, des projections, un espace qui soit à la fois un endroit de rêve et un lieu apocalyptique où subsistent la mémoire, la parole et le désir de faire sens de cette parole. Il s’agit de réussir à parler du monde en posant la question de l’autre et de la possibilité de vivre avec lui en changeant les perceptions simplistes qu’on en a car elles deviennent meurtrières. »
 
Propos recueillis par Catherine Robert


Nuits à Bagdad ; texte de Mohamed Kacimi ; mise en scène de Paul Golub. Du 22 janvier au 3 février 2008. Mercredi, vendredi et samedi à 20h30 ; jeudi à 19h30 et dimanche à 17h. Théâtre Firmin Gémier / La Piscine ; place Firmin Gémier, 92160 Antony. Réservations au 01 46 66 02 74.

A propos de l'événement


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