Une « Carmen » féministe au Théâtre Libre par la compagnie Julien Lestel
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Entré en 2009 au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, Onéguine de John Cranko est un ballet littéraire d’une dimension tragique incontestée. Cette reprise est à la hauteur de ce drame romantique et d’une danse très exigeante.
Onéguine, un des ballets les plus populaires de l’histoire chorégraphique du XXe siècle, a quelques atouts non négligeables. À commencer par un livret tiré du roman en vers d’Alexandre Pouchkine, œuvre phare de la littérature russe, et par une chorégraphie de John Cranko (1927-1973), maître indépassable du ballet narratif, sachant faire évoluer le récit sans la moindre pantomime avec une fluidité à nulle autre pareil. De plus, son vocabulaire ose des combinaisons imprévues, des portés acrobatiques périlleux, des innovations d’écriture, des leitmotiv gestuels intelligemment disposés, et des ellipses. Bref, il sait insuffler à un ballet des procédés littéraires bienvenus. Le corollaire : une telle partition nécessite des danseurs d’une grande maturité artistique pour interpréter les rôles qui leur sont dévolus. Notamment pour les quatre protagonistes Onéguine, Tatiana, Olga, et Lenski. Et comme pour l’Albrecht de Giselle, la façon d’interpréter le héros peut se parer de toutes les nuances de noir, qui sont aussi celles de son costume.
Des personnages incarnés
Mathieu Ganio a choisi d’incarner un Onéguine hautain et ténébreux, odieux et pourtant séduisant, qui laisse entrevoir derrière une morgue et une fatuité évidente, peut-être un douloureux secret. La Tatiana de Ludmila Pagliero campe une jeune fille rêveuse, plus attirée par les livres que par les distractions. Naïve certainement pas, mais romantique. Elle est immédiatement hypnotisée par Onéguine, comme un animal ébloui par des phares. Olga, jeune sœur de Tatiana, rieuse, piquante, interprétée à merveille par Léonore Baulac, et le Lenski parfait de Marc Moreau complètent cette distribution. Ensemble, ils feraient même oublier qu’ils dansent tant on est captivé par les expressions des visages et des corps. Par sa façon d’enserrer le mouvement dans des transitions, d’affiner les postures du corps pour les rendre signifiantes, John Cranko savait si bien composer gestes et attitudes pour exprimer un sentiment, une sensation, une intériorité, que le spectateur se laisse porter. Le corps de ballet et ses danses collectives inspirées par le folklore forment un écrin chorégraphique de premier plan qui renforce tout l’effet théâtral de ce ballet exceptionnel, porté formidablement par l’interprétation de l’Opéra de Paris.
Agnès Izrine
Du 8 février au 4 mars à 19h30. Dimanche 16 à 14h30, relâche les 11, 13, 19 et 23 février. Tél. 08 92 89 90 90. Durée 2h20.
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