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Danse contemporaine - Gros Plan

Les trombes d’eau de « Vollmond » de Pina Bausch s’abattent sur le Théâtre de la Ville.

Les trombes d’eau de « Vollmond » de Pina Bausch s’abattent sur le Théâtre de la Ville. - Critique sortie Danse Paris Théâtre de la Ville
Vollmond, une des dernières pièces de Pina Bausch. Crédit : Martin Argyroglo

Théâtre de la Ville / Chorégraphie Pina Bausch

Publié le 14 février 2025 - N° 330

Le Théâtre de la Ville accueille la « Pleine lune » de Pina Bausch, dix-neuf ans après sa création : une occasion de lire autrement les trombes d’eau qu’elle laissait déverser sur son monde.

Vollmond fait partie des dernières pièces de la chorégraphe, et des spectacles marquants par les images restées gravées après-coup. Ici, il s’agit évidemment de ce rideau de pluie qui s’abat sur les danseurs, dans des trombes d’eau sonores inépuisables. Pouvaient-elles figurer les larmes d’amour versées plus tard pour la disparition de la chorégraphe, en 2009 ? Le scénographe Peter Pabst s’en est donné à cœur joie pour composer un monde oscillant entre le liquide et le solide : une immense roche noire trône sur le plateau, suffisamment imposante, solide et rugueuse pour permettre l’escalade. À sa base, le lit d’une rivière en formation. Le reste est dépouillé, pour mieux laisser s’exprimer l’humanité dansante de Pina Bausch et ses mille et une variations autour de l’eau, élément premier, fondateur et moteur des scènes qui s’ensuivront.

Le débordement de la nature et des tempéraments

Au fur et à mesure que s’installe le petit monde de Vollmond, que les femmes en robes longues de soirée et les hommes en chemise noires se jaugent, s’attrapent, se cherchent ou se fuient, s’ébauche une forme de Sabbat de pleine lune. Les femmes sont incroyablement vivantes dans cette pièce, et malgré la pluie qui s’abat, malgré la pesanteur du tissu trempé qui plombe leurs mouvements, elles exultent dans les ploiements de leurs bustes et les jets de bras qui fusent dans une grâce aussi infinie que véloce. La violence de la puissance de l’eau n’empêche pas les courses et les corps de dévaler sur le plateau ; au contraire, c’est une déferlante de danse que l’élément suscite, dans une forme de débordement jubilatoire. Une façon toute bauschienne d’accueillir le déchaînement de la nature qui, depuis 2006, a pris une ampleur phénoménale dans notre quotidien.

Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Vollmond
du vendredi 9 mai 2025 au vendredi 23 mai 2025
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet, 75004 Paris

à 20h, le 11 à 17h et le 18 à 15h. Tél. : 01 42 74 22 77.

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