Oncle Vania
Théâtre du Vieux-Colombier / de Anton Tchekhov / mes Julie Deliquet
Publié le 30 août 2016 - N° 246Julie Deliquet délaisse ponctuellement l’équipe du collectif In Vitro et ses improvisations pour mener son travail au plateau avec les comédiens de la Comédie-Française. Récit d’un choc des cultures autour d’Oncle Vania.
Comment est née l’idée de monter cet Oncle Vania à la Comédie-Française ?
Julie Deliquet : Eric Ruf m’a proposé une collaboration il y a deux ans mais j’étais trop concentrée sur mon travail avec le collectif In Vitro à cette époque. Il a réédité cette proposition avec pour seule contrainte celle de partir d’un texte littéraire. J’ai choisi Oncle Vania pour initier un cycle sur Tchekhov que je vais poursuivre ensuite avec mon collectif.
Vous travaillez habituellement à partir d’improvisations au plateau, ferez-vous la même chose ici ?
J.D. : J’arrive de l’écriture de plateau pour aller vers un théâtre de texte. C’est le mouvement inverse des acteurs qui vont travailler avec moi. Le texte, c’est un luxe magnifique, parce que l’on sait où l’on va, alors que l’écriture de plateau, c’est vertigineux. J’ai voulu retirer du texte de Tchekhov tout ce qui était trop russe, trop connoté historiquement. J’ai demandé aux acteurs de lire cette adaptation et de tourner des films avec un partenaire chacun : des courts-métrages où ils doivent aller d’eux-mêmes à leurs personnages, pour voir comment passer de 2016 à Tchekhov, comment tomber naturellement dans ses mots.
« Les choses se font plus en faisant qu’en expliquant. »
C’est un changement de méthode pour eux ?
J.D. : Pour moi et pour eux, c’est plus une rencontre qu’une méthode qui s’impose. Ils ont de grandes facultés d’adaptation et sont très joueurs, ce qui leur permet une grande liberté avec le texte. De mon côté, j’utilise aussi des méthodes que je n’avais jamais employées. Les choses se font plus en faisant qu’en expliquant, quand dans les collectifs, on se réunit autour d’une table pendant des heures.
Vous avez aussi plus de moyens de production ?
J.D. : Absolument. Et ce paramètre faisait partie de mes interrogations initiales : à quel point ce théâtre pauvre que j’avais presque érigé en charte faisait partie de moi ? J’ai pris le temps de réfléchir et je me suis dit que ce serait très jouissif de faire du théâtre pauvre ici. Il faut dire que les sous-sols de la Comédie-Française, c’est un véritable Emmaüs d’accessoires. J’en ai rempli des caddies dont on se sert pour les répétitions. Et pour assurer la porosité entre le réel et la fiction, entre 2016 et Tchekhov, je me suis dit qu’un dispositif bi-frontal serait idéal. Ce qui nécessite une scénographie dépouillée.
Propos recueillis par Eric Demey
A propos de l'événement
Oncle Vaniadu mercredi 21 septembre 2016 au dimanche 6 novembre 2016
Théâtre du Vieux-Colombier
21 Rue du Vieux Colombier, 75006 Paris, France
du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h, le mardi à 19h. Tel : 01 44 39 87 00.