La Terrasse

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Théâtre - Entretien

Les Femmes savantes

Les Femmes savantes - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Porte Saint-Martin
Catherine Hiegel Crédit : Giovanni Cittadini

Théâtre de la Porte Saint-Martin / de Molière / mes Catherine Hiegel

Publié le 30 août 2016 - N° 246

En 1987, Catherine Hiegel montait Les Femmes savantes pour la Comédie-Française, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Elle y revient 30 ans après avec la même pièce et un parti-pris inchangé.

La pièce Les Femmes savantes est beaucoup moins populaire que Le Bourgeois gentilhomme ou L’Avare. Pourquoi avoir choisi de reprendre ce texte ?

 Catherine Hiegel : C’est avant tout un désir de Jean-Robert Charlier, directeur du Théâtre de la Porte Saint-Martin. Entre autres parce qu’il y a trente ans, du fait d’une grève à la Comédie-Française dont j’étais alors sociétaire, la pièce avait été créée dans ce même théâtre. N’ayant pas pour habitude de reprendre des pièces que j’ai déjà montées, j’ai accepté à la condition d’avoir pleine liberté sur la distribution.

 À part Catherine Ferran, qui jouait alors le rôle de Philaminte, et que l’on retrouve aujourd’hui dans celui de la servante Martine, vous vous êtes entourée de nouveaux comédiens. Renommés pour les uns, encore inconnus pour les autres.

 C.H : J’ai choisi quelques personnes avec qui j’ai déjà travaillé : Julie-Marie Parmentier, Philippe Duquesne et le jeune pensionnaire de la Comédie-Française Benjamin Jungers. Pour le reste, tout est parti d’Agnès Jaoui, que je connaissais en tant que comédienne, mais pas personnellement. Je la voyais très bien en Philaminte. C’est elle qui m’a proposé Jean-Pierre Bacri pour le personnage de Chrysale, le père. Je suis très heureuse aussi de travailler avec quatre jeunes comédiens du Studio d’Asnières, qui interprètent les domestiques de la maison. Ils sont merveilleux.

 Comme il y a trente ans, vous optez pour une lecture féministe des Femmes savantes, présentant Philaminte et sa petite académie comme des femmes plus courageuses que ridicules. Pourquoi ?

 C.H : Je ne nie pas qu’il y ait eu chez Molière la misogynie basique de l’époque. Et donc une certaine tendance à la moquerie envers Philaminte et ses consoeurs. Il n’empêche que Les Femmes savantes décrit une situation de matriarcat qui à l’époque de l’auteur, et jusque dans les années 1970 en France, était très exceptionnelle. Les femmes de cette pièce n’ont rien de celles des Précieuses ridicules : tous les sujets qu’elles abordent, elles les ont étudiés. Certes, elles se laissent embobiner par Trissotin, mais elles ont l’excuse des pionnières.

« Plus on situe une pièce dans sa réalité morale, politique, économique et esthétique, plus elle peut continuer de nous parler aujourd’hui. »

 Gardez-vous aussi l’empreinte classique de votre mise en scène de 1987 ?

 C.H : Pour moi, ce n’est pas être conventionnel que de monter aujourd’hui des pièces en costumes d’époque. Ça l’est beaucoup plus de situer des classiques dans des décors modernes. Le texte se venge de ces anachronismes. Je trouve que plus on situe une pièce dans sa réalité morale, politique, économique et esthétique, plus elle peut continuer de nous parler aujourd’hui. Je suis une passionnée des costumes, et ceux de Renato Bianchi sont magnifiques. Quant au décor, réalisé par Goury, j’ai voulu un cabinet de curiosité. On y trouve toutes sortes de choses, dont un squelette d’autruche dont je suis particulièrement fière !

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Les Femmes savantes
du samedi 10 septembre 2016 au jeudi 10 novembre 2016
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 Boulevard Saint-Martin, 75010 Paris, France

Catherine Hiegel

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