La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Monkey Money

Monkey Money - Critique sortie Théâtre Paris Maison des Métallos
Arnaud Vrech dans Monkey Money, dans la mise en scène de Carole Thibaut. Crédit : Simon Gosselin

Maison des Métallos / texte et mise en scène Carole Thibaut

Publié le 30 août 2016 - N° 246

Après son solo-performance L’Idéal féminin n’est plus ce qu’il était (2009) et la fresque intimiste et sociale L’Enfant – drame rural (2012), Carole Thibaut crée une fiction située dans une société livrée au tout marchand.

Vous développez depuis une dizaine d’années une écriture ancrée dans le réel. Quelle est sa part dans Monkey Money ?

 Carole Thibaut : Je m’interrogeais depuis longtemps sur la crise économique et les représentations que l’on s’en fait, lorsque par hasard j’ai eu la chance de passer une journée dans une entreprise de vente de crédit. L’expérience a confirmé mon intuition d’un monde de l’anonymat absolu. D’une chose qui nous dépasse tous. Ayant besoin de comprendre parfaitement les choses pour en faire du théâtre, j’ai demandé une accréditation afin de poursuivre mes observations. Pourtant, ma pièce n’est pas située dans un contexte réaliste. L’onirique, pour moi, crève le réel.

« Je veux faire dialoguer le théâtre avec le monde. »

 Vous imaginez une société dont les pauvres et les riches sont séparés par un mur, qui n’est pas sans faire penser à Orwell.

 C.T : J’aime beaucoup 1984, en effet. Ce que j’ai surtout voulu exprimer, et que l’on trouve chez le personnage principal d’Orwell, c’est la banalité du mal chez les petits exécutants du système. Loin des loups de Wall Street, ces exécutants sont en général convaincus d’oeuvrer pour le bien social par le crédit à la consommation. Le danger aujourd’hui dans nos sociétés, c’est qu’il y a peu d’incitation à l’analyse critique. Le théâtre doit combattre cette passivité.

 Vous êtes à la tête du CDN de Montluçon depuis juin 2015. Monkey Money peut-il donner une idée du type de théâtre que vous comptez y défendre ?

 C.T : Je vais accorder une large place aux écritures du réel, en programmant des artistes comme Frédéric Ferrer avec ses quatre Petites conférences sur des endroits du monde, Nadège Prugnard avec Alcool (Un petit coin de paradis) ou encore l’islamologue Rachid Benzine, qui créera avec Pascale Henry une pièce sur l’échec des Printemps arabes. À ma modeste échelle, je veux faire dialoguer le théâtre avec le monde. Ce qu’il fait trop rarement à mon goût.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Monkey Money
du vendredi 9 septembre 2016 au dimanche 25 septembre 2016
Maison des Métallos
94 Rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris, France

du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 19h, le dimanche à 16h. Tel : 01 47 00 25 20.

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